A Lyon, Odile Decq fait danser les futurs architectes de l'école Confluence

Une rencontre entre architecture et danse : voilà ce que le chorégraphe lyonnais Davy Brun a proposé en mars lors d’un workshop peu banal offert aux élèves de l’école d’architecture Confluence, créée l’an dernier par Odile Decq. Une alchimie fructueuse et passionnante qui s’est déroulée au Lab’Art du fort du Bruissin, résidence artistique investie par le chorégraphe et sa compagnie en 2016.

Dans l’architecture ou dans la danse, il n’y a souvent qu’une même émotion, celle qui naît de la pureté d’une ligne, d’une gestuelle ou d’un mouvement suggéré. Il y a surtout une même quête de la rigueur, de la répétition du geste ou du trait, pour acquérir, sinon la perfection, du moins la justesse. Mais également l’observation des espaces et des corps, l’écoute d’un lieu, d’une musique, d’un silence.
L’atelier Archi’Danse proposé aux étudiants de l’école d’architecture Confluence a été conçu pour démontrer qu’entre la danse et l’architecture le corps devient un support ou un élément de ­l’espace à domestiquer. Au départ de ce projet, qui s’est concrétisé en mars au Lab’Art du fort du Bruissin à Francheville (69), une rencontre : celle que généra Christine ­Legat, directrice de l’agence de communication Hop Hop Hop, en mettant en contact le chorégraphe Davy Brun, en résidence au Lab’Art avec sa compagnie Ando Danse en 2016, et l’architecte Odile Decq, qui a ouvert l’école Confluence en 2015 dans le quartier éponyme de Lyon.

Désireuse de « repenser totalement l’enseignement de l’architecture », Odile Decq a créé l’école Confluence, qui a ouvert ses portes en 2015 à Lyon.
Désireuse de « repenser totalement l’enseignement de l’architecture », Odile Decq a créé l’école Confluence, qui a ouvert ses portes en 2015 à Lyon. Franck Juery

« L’approche de Davy Brun m’a conquise immédiatement, explique l’architecte. Prendre conscience du corps dans l’espace est fondamental dans notre métier. Cela m’a rappelé les cours d’expression corporelle de ma première année d’école, cours qui ne se donnent malheureusement plus. Les élèves ont adoré cet atelier, car ils ont réalisé quelque chose qu’ils pensaient infaisable. Ils ont non seulement créé une pièce chorégraphique, mais aussi laissé un témoignage en exposant leur travail deux semaines plus tard devant un jury présidé par Davy Brun. »
Ce dernier leur imposa durant la semaine le même rythme qu’il ­impose à sa compagnie : échauffement le matin, pause déjeuner d’une heure puis reprise des répétitions et préparation de la chorégraphie jusqu’à 18 heures. Malgré les courbatures et l’immersion dans ce monde impitoyable qu’est la danse, pas une défection. « Chacun avait carte blanche, précise le chorégraphe. La création est toujours plus fructueuse lorsqu’elle est libre et bien “drivée”. Et j’ai été étonné par leur investissement corporel. Le travail des architectes est à l’opposé de celui du monde de la danse ; ils partent de l’espace pour arriver à l’individu. Chez nous, c’est l’inverse ; nous partons du corps pour envahir l’espace. Décortiquer le mouvement, établir ses limites, recréer un volume, une structure, un rêve, une ­histoire étaient donc les objectifs de ce workshop. »