Comment est née votre vocation ?
Clémentine Caurier : Adolescente, j’avais envie de mêler une activité artistique à quelque chose de technique. On peut donc dire que le design s’est imposé à moi… A 17 ans, j’ai réussi le concours de l’Ecole de Nantes-Atlantique et dès le début de mes études, j’ai découvert que j’adorais ça !
Durant mon master en design produit, j’ai passé un semestre à Stuttgart et j’ai aussi fait un double diplôme en administration des entreprises avec l’IAE de Nantes, ce qui a dédramatisé le monde de l’entreprenariat.
A la fin de vos études, vous décidez de partir vivre à Berlin…
Oui, j’avais envie de retourner en Allemagne… A l’époque, en 2009, Berlin n’était pas encore trop « sexy ». J’ai travaillé pour un studio monté par des Français, des gens originaires de Valenciennes qui travaillaient dans le produit lifestyle, notamment avec Décathlon. A la fin de ce stage, j’ai voulu rester à Berlin pour découvrir sa scène artistique. Le contexte économique n’était pas très réjouissant, mais il y avait beaucoup de créatifs. J’ai contacté 100 studios pour trouver des jobs en freelance et j’ai commencé à travailler avec des designers spécialisés dans le mobilier pour des éditeurs scandinaves (Bolia…). Mon réseau s’est peu à peu agrandi… Berlin, c’était pour moi la ville des possibles, où l’on pouvait tenter des choses que l’on avait vraiment envie de faire.
L’amour des matériaux
Quelle influence a eu Berlin sur votre travail ?
De mon expérience berlinoise, j’ai gardé l’amour des matériaux (le bois et le textile), mais aussi une façon d’aller au plus simple, un sens de l’épure, de l’essentiel.
En parallèle de votre job de designer produit, vous avez toujours travaillé la terre. Pourquoi ?
Le mobilier demande beaucoup de temps de développement et le projet n’est jamais sûr d’aboutir, alors que la céramique donne un résultat immédiat. J’avais besoin de découvrir le travail des maîtres et celui de la couleur. Il me manquait des mentors pour apprendre le tour et les techniques de la céramique. Je suis donc partie en Espagne puis au Portugal pour me former.
Simplicité et convivialité pour la première collection de Clémentine Caurier
Aujourd’hui, vous vous lancez dans l’édition avec Clémentine Caurier Collection. Pourquoi ce choix ?
Ce choix est né d’une certaine frustration, celle de ne pas avoir accès en tant que designer à toute une partie du processus. Je voulais apprendre d’autres métiers, rencontrer des gens, comprendre leur rôle, leurs savoir-faire. Le designer produit des protos, puis le proto est lancé dans le bain et le designer en est dépossédé. beaucoup de projets ne voient jamais le jour car leur fabrication coûte trop cher, ou alors on ne trouve pas le bon fabricant, ou le marketing décide de ne pas le publier…
Comment avez-vous constitué votre première collection ?
Au départ, j’ai dessiné du mobilier pour un intérieur conçu par des architectes de Porto, qui m’ont donné carte blanche. Pour la fabrication, il a fallu trouver les bonnes personnes dans la région de Paredes, sur la route du meuble. Des micro-ateliers spécialisés dans l’ébénisterie, le rembourrage et la couture. Être présente à leurs côtés est important pour bien se faire comprendre car on n’a pas la même formation. Mieux vaut faire des maquettes, découper du papier que présenter des fichiers 3D. Le point commun des meubles de cette collection, c’est la simplicité, la chaleur… J’ai développé des pièces qui rassemblent les gens dans un intérieur dans la simplicité et la convivialité.
La France et l’Allemagne après le Portugal
Comment commercialisez-vous cette collection ?
J’ai dans un premier temps développé des pièces uniques pour un projet spécifique. Et c’est en voyant l’intérêt des gens – notamment des architectes avec qui j’avais travaillé ainsi qu’un magasin à Porto – que j’ai décidé de tenter l’expérience d’une petite production. Mon réseau est pour le moment plutôt au Portugal car mon projet a commencé à Porto. Je souhaiterais donc, dans un premier temps, continuer à travailler avec le Portugal, et dans un second temps, étendre mon activité vers la France et l’Allemagne.
Quel impact a eu la crise sanitaire sur le développement de cette collection ?
Cette période de ralentissement économique a été finalement plutôt bénéfique pour moi. Elle m’a permis de faire une pause avec l’enseignement et les projets en freelance pour me consacrer entièrement à ma collection. C’est comme ça que j’ai pu finaliser mes productions, faire un shooting puis un catalogue et me concentrer sur la communication de cette nouvelle marque.
> Site Web de Clémentine Caurier.