Nouvelle génération : les Albums des jeunes architectes et paysagistes (3/3)

Tous les deux ans, le ministère de la Culture et de la Communication présente ses Albums des jeunes architectes et paysagistes (AJAP). Objectif ? Favoriser l’accès à la commande, souvent difficile pour ces jeunes talents. Découvrez ici les dernières des vingt agences de la promotion 2016, en attendant l’exposition que la Cité de l’architecture et du patrimoine leur consacrera au printemps 2017.

 

Antoine Dufour Architectes

Aymeric Antoine (30 ans) et Pierre Dufour (28 ans) se sont associés en 2016 à Paris.
www.antoine-dufour.com

Aymeric Antoine et Pierre Dufour se sont associés en 2016 à Paris.
Aymeric Antoine et Pierre Dufour se sont associés en 2016 à Paris. DR

Pourquoi l’architecture ? D’abord sujet de fascination, l’architecture s’est révélée un formidable sujet d’expression de nos préoccupations sur les enjeux contemporains. C’est un outil indispensable de proposition pour relever les défis pour lesquels nous avons le sentiment de porter une responsabilité particulière.
Votre rencontre ? À l’École nationale supérieure d’architecture de Clermont-Ferrand. Depuis, nous n’avons jamais cessé de travailler ensemble.
Votre projet le plus important ? Chaque projet est une histoire nouvelle que nous traitons avec la même détermination et les mêmes convictions. Notre premier projet commun – un simple concours étudiant – est peut-être symboliquement le plus important, tant il réunissait certains de nos questionnements actuels, notamment sur le patrimoine.
Un bâtiment que vous auriez aimé construire ? Le Mémorial des martyrs de la déportation, de Georges-Henri Pingusson, à Paris : une commande extraordinaire, un projet aussi génial que juste.
Une date importante pour l’agence ? 2016 marque dix années de réflexions communes, la création de notre société et notre nomination aux AJAP. C’est un événement important qui nous conforte et nous encourage dans nos engagements : un coup de boost !
Ce que vous défendez ? Ce sont les expériences (les bonnes comme les mauvaises) qui ont façonné notre regard et notre posture. Nous sommes engagés dans une pratique où la précaution, l’humilité et l’ouverture d’esprit priment. L’architecte doit ouvrir son regard aux disciplines connexes.
Un architecte que vous admirez ? Attentifs aux éléments fondateurs du projet (matières et matériaux, ressources, savoir-faire) et à leur lien avec le territoire, nous admirons le travail de Peter Zumthor, étonnant, évident et d’une grande finesse.
Un rêve ? Au-delà de nos rêves personnels, nous pensons à l’avenir de notre profession. Nous rêvons aujourd’hui à une pratique globale, faite d’un juste équilibre entre la conservation et la création : une pratique décloisonnée, moins contrainte, plus ouverte mais raisonnée, où l’architecte tient un rôle culturel, artistique et scientifique crucial.

Maison à Alata, en Corse.
Maison à Alata, en Corse. DR


Gaspard Pinta

Gaspard Pinta (36 ans) exerce depuis 2009. Il est basé à Paris.

Gaspard Pinta exerce depuis 2009. Il est basé à Paris.
Gaspard Pinta exerce depuis 2009. Il est basé à Paris. DR

Pourquoi l’architecture ? Pour pouvoir faire de la scénographie pour le spectacle vivant.
Votre projet le plus important ? Le prochain, et aussi le premier, celui qui m’a fait passer de l’autre côté du cadre de scène et quitter mon fauteuil de spectateur : Histoire d’amour (derniers chapitres), de Jean-Luc Lagarce – Compagnie du Veilleur.
Un bâtiment que vous auriez aimé construire ? Le musée Kolumba, de Peter Zumthor, à Cologne, pour son accord parfait entre sobriété et raffinement.
Une date importante pour l’agence ? Un soir de mai 1996, pendant la représentation du Roméo et Juliette d’Angelin Preljocaj à La Coursive de La Rochelle. Soir pendant lequel l’envie de faire de la scénographie pour le spectacle vivant s’est précisée.
Ce que vous défendez ? Le scénographe est le traducteur dans l’espace des choix du metteur en scène. Il est le concepteur d’un cadre minimum pour révéler ce parti pris à l’imaginaire du spectateur tout en favorisant l’appropriation par tous les autres intervenants du spectacle.
Un architecte que vous admirez ? Un metteur en scène plutôt. Claude Régy, qui, à plus de 90 ans, continue de faire un théâtre radical qui propose une expérience unique aux spectateurs.
Un rêve ? Celui de créer un théâtre, programme conçu pour la rencontre de deux populations qui le pratiquent et qui y vivent de façon très différente : le public et les artistes.

Scénographie de la pièce de théâtre « Martyr », de Marius von Mayenburg (2014).
Scénographie de la pièce de théâtre « Martyr », de Marius von Mayenburg (2014). Jean-Louis Fernandez

Atelier ATP – Architecture Territoires Paysage

L’architecte Benjamin Van den Bulcke (35 ans) et le paysagiste Jérôme Classe (42 ans) ont créé ATP à Toulouse.
atelier-atp.fr

L’architecte Benjamin Van den Bulcke et le paysagiste Jérôme Classe ont créé ATP à Toulouse.
L’architecte Benjamin Van den Bulcke et le paysagiste Jérôme Classe ont créé ATP à Toulouse. ATP

Pourquoi l’architecture ? C’est une façon de s’investir dans les territoires que de projeter et de bâtir en assumant nos choix. Construire (de l’architecture) peut être un acte de résistance.
Votre rencontre ? Notre association s’est construite autour de la réalisation de deux projets : le jardin partagé du Patus de Vidailhan, à Balma (31), et la réhabilitation du campus de l’ISAE (Institut supérieur de l’aéronautique et de l’espace), à Toulouse. Il nous est apparu qu’architecture et paysage interagissent comme l’huile et l’eau ! Une relation comparable à une émulsion, dont le révélateur serait le projet. Nous cherchons à engager l’une et l’autre dans une forme de confrontation directe dont l’issue serait la création d’un nouveau paysage.
Votre projet le plus important ? Le prochain !
Un bâtiment que vous auriez aimé construire ? Un seul, c’est compliqué. Récemment, la visite des arènes de Nîmes nous a fait nous poser cette question : a-t-on fait mieux ?
Ce que vous défendez ? Transformer des nécessités en valeurs, c’est là notre objectif commun. Nous cherchons à concevoir des espaces « pour la vie », propres à satisfaire autant l’usage que le confort, le corps que l’âme. Que ce soit pour l’espace bâti ou pour l’espace ouvert, il s’agit d’abord de comprendre pour récrire les rapports entre l’espace et ses horizons, retrouver le sens de l’histoire des lieux pour savoir quelle suite leur donner.
Un architecte que vous admirez ? Un seul ? Récemment, encore, celui ou ceux qui ont fait les arènes de Nîmes, pour leur génie.
Un rêve ? Le temps est-il aux rêves ?

Club d’aviron sur le campus de l’ISAE, à Toulouse (2014).
Club d’aviron sur le campus de l’ISAE, à Toulouse (2014). ATP

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