Architecture arc-en-ciel
Si l’architecture se met souvent au service d’un pouvoir ou d’un ego, le cabinet sud-africain CS Studio intègre, lui, les usagers – souvent pauvres et noirs – dans tous ses projets. Main-d’œuvre et matériaux locaux, œuvres d’art réalisées avec les futurs habitants… Une vision idéaliste et colorée de la discipline, pas toujours aisée à mettre en application pour Carin Smuts et Urs Schmid, qui ont fondé leur studio en 1989. Un processus complexe et profondément humain que le livre traduit à travers une réflexion plus large sur la société sud-africaine, minée par la corruption, et sur l’architecture contemporaine.
CS Studio. Carin Smuts, Urs Schmid architectes, de Pierre Frey, Actes Sud, 208 p., 36 €.
L’avenir en ruines
S’installer dans des ruines se révèle un choix audacieux quand l’objectif est de préserver le lieu avec ses blessures plutôt que de le réhabiliter. De la petite maison en béton aux ouvertures aléatoires à la gigantesque Fàbrica de Ricardo Bofill dans une ancienne cimenterie, cet ouvrage nous invite à découvrir un travail d’adaptation fascinant, une galerie de « personnages » déglingués mais pas complètement perdus. À l’image du projet réalisé par Witherford Watson Mann à Astley Castle, au cœur de l’Angleterre, un château à l’apparence délabrée dont on peine à imaginer qu’il y ait encore de la vie à l’intérieur.
Habiter les ruines. Transformer, réinventer, d’Olivier Darmon, Alternatives, 176 p., 32 €.
Cinquante ans d’architecture
On dit de Milan que c’est une ville secrète et austère. Mais les amateurs savent aussi que derrière cette austérité se cache une rare élégance qu’invite à découvrir Karl Kolbitz. Il a poussé les portes de 144 immeubles de la ville conçus entre les années 20 et les années 70. À travers leurs halls d’entrée en marbre et terrazzo, on découvre ainsi cinquante ans de trésors architecturaux signés Piero Portallupi, Gio Ponti ou Giovanni Muzio. Du plus sobre au plus théâtral, tantôt spacieux et lumineux, tantôt tarabiscoté et soucieux de discrétion, chaque hall possède un bout du caractère de la capitale lombarde.
Entryways of Milan, de Karl Kolbitz, Taschen, 384 p., 49,99 €.
A starchitect is born
Saviez-vous qu’on peut considérer Charles Garnier (1825-1898) comme le premier starchitecte ? Dès le début de sa carrière, il s’est attaché à se faire tirer le portrait, et, cabotin, il a laissé rebaptiser l’Opéra de Paris de son nom… Pourtant, bien avant lui déjà, ils sont nombreux à avoir été représentés en tableaux ou en sculptures. Ce sont toutes ces œuvres que le catalogue de l’exposition qui se tiendra jusqu’au 4 septembre à la Cité de l’architecture et du patrimoine, à Paris, propose dans ses pages. Ainsi qu’une étude en creux de la personnalité des architectes et de la façon dont ils sont perçus par la société.
L’Architecte. Portraits et clichés, sous la direction d’Emmanuel Bréon, Éditions Norma, 288 p., 45 €.
Archivin
Avec leurs moyens importants et l’image d’excellence et de modernité qu’ils souhaitent véhiculer, les vignobles du monde entier sont devenus un terrain de jeu idéal pour les architectes. Le Bordelais ne déroge pas à la règle et accueille, depuis une trentaine d’années, des professionnels qui renouvellent le parc immobilier des châteaux. Un chai octogonal signé Ricardo Bofill pour le château Lafite Rothschild, à Pauillac, la rénovation du château Margaux par Norman Foster, mais aussi des projets signés Mario Botta ou Jean Nouvel… Chacun a pu laisser libre cours à son style, du minimalisme au néoclassicisme.
Wine by Design. L’Architecture au service du vin, de Philippe Chaix, Flammarion, 198 p., 60 €.
14 fois Dijon
On la connaît bourgeoise et historique, avec son palais des ducs de Bourgogne construit à partir du XIVe siècle. Pourtant, Dijon mérite que l’on pose un autre regard sur elle. François Lamarre a sélectionné 14 constructions ou rénovations contemporaines qui parsèment la ville. De la rigoureuse Maison de l’Université de Bourgogne de Patrick Berger au Consortium imaginé par Shigeru Ban dans l’ancienne usine de liqueurs L’Héritier-Guyot, en passant par le musée des Beaux-Arts rénové, reconnaissable à sa façade en Tecu, un matériau en cuivre doré… 14 raisons de (re)découvrir la capitale de la Bourgogne.
Dijon, archi/culture !, de François Lamarre, Alternatives, 14 modules dépliants, 14,90 €.