Créez-vous, avec Scarlet Splendour, pour cette zone grise entre design industriel et art contemporain ?
Non, je me sens profondément designer industriel ! Faire des sculptures ne m’intéresse pas, des meubles, si. Bien sûr, parfois, certains de mes projets les plus forts peuvent intéresser ce type de marchés luxueux. Dans le design industriel, je rends tout cela plus simple pour la production, à l’exception des éditions limitées pour l’espace de Rossana Orlandi. De fait, produire une crédence comme Strings n’est pas mission impossible. Il ne s’agit pas d’investir d’énormes sommes dans la fabrication d’un moule, comme pour une simple chaise en plastique par exemple…
La distance entre Ljubljana, où est basé votre studio, et Calcutta permet-elle de rester fidèle à à la volonté initiale d’un projet ?
Pour moi, c’est un défi… mais un défi qui me plaît ! Parce que, comme je vous l’ai dit, je suis une vraie designer industrielle. J’aime créer dans un cadre, avec des contraintes. C’est cela qui est stimulant dans ce métier.
Que vous inspire à Milan ce torrent de nouveaux produits ?
C’est tellement intéressant… Quand j’arrive à Milan, ce n’est pas pour me tenir au courant de tout ce qui se passe dans le milieu du design. Milan, c’est plutôt comme le nouvel an du design. Nous travaillons toute l’année et présentons ici chaque année en avril le travail de notre studio. Vous n’avez donc pas le temps de jeter un regard circulaire, parce que vous êtes trop occupé. Je préfère m’inspirer des petites situations, parfois bizarres, de la vie quotidienne. A Milan, il y a trop de distractions.
Peut-on devenir blasé de cette grand messe ?
Nous pouvons tous plutôt être reconnaissant d’être ici parce que cet événement est aussi beau qu’extravagant. Si vous prenez en compte tous les problèmes de la société, à commencer par l’écologie, la pollution ou le gaspillage, cela peut sembler décadent. En même temps, le design est un langage puissant, qui devient de plus en plus populaire. A travers le design, vous pouvez adresser des messages, influencer ou conditionner le cadre de vie de nombreuses personnes. Prenez par exemple le cas de « RO Plastic », l’exposition de Rossana Orlandi au musée de la Science. C’est un sujet extrêmement important. Et le Salon est une grande plate-forme pour en parler sans prétendre d’emblée avoir la solution de tout.
Sensibiliser le public aux grands enjeux de la planète est-il l’une des missions du design ?
Dans ma propre pratique, j’ai l’habitude d’évoquer certaines questions importantes dans notre culture. Mais je ne fais que poser des questions. Je n’ai pas les réponses mais j’essaie de contribuer au débat, ne serait-ce qu’en faisant réfléchir…