Moustache, le label de design préféré de la déco

En 2009, deux amateurs plutôt discrets fondent une maison d'édition de meubles et d'objets qui laisse les designers s'exprimer en toute liberté. Retour sur un parcours qui continue d'influencer tout le secteur de la déco…

« Moustache » tapé dans Google, ça donne par exemple : « Partie du système pileux qui garnit la lèvre supérieure. » Mais, depuis 2009, ce substantif un brin nostalgique peut aussi faire référence à une marque de déco pour le moins audacieuse, Moustache (@moustache_editions), qui édite les créations décoiffantes des designers dont tout le monde parle.

Chaises Bold de Big Game, un des premiers produits édités par Moustache.
Chaises Bold de Big Game, un des premiers produits édités par Moustache. Moustache

François Azambourg, le collectif Big-Game, Benjamin Graindorge… Tous ont participé à la construction de l’identité de cette marque pas banale, qui milite pour la prolifération d’un design gai et décalé au quotidien. Recrutée avec cette première génération de créateurs talentueux, Inga Sempé, par exemple, dont la rétrospective est montrée à la Villa Noailles, se souvient : « Stéphane Arriubergé, le directeur artistique de Moustache, m’a demandé de dessiner une lampe. J’ai proposé des maquettes de Vapeur, dont la fabrication repose sur un principe de papier plissé, et nous avons mené de nombreuses études pour arriver à la lancer sur le marché. C’était le début d’une entreprise, on n’avait pas beaucoup d’outillage », raconte la designer, qui est même allée jusqu’à dessiner le logo de la marque…

Lampe Vapeur d’Inga Sempé (Moustache).
Lampe Vapeur d’Inga Sempé (Moustache). Moustache

À 200 € environ, le prix attractif de Vapeur, sorte de toque de chef transformée en lampe de table, a donné l’impression qu’un pas venait d’être franchi dans la démocratisation du design. La présentation du catalogue Moustache de 2009, avec ses mises en scène baroques inspirées de l’univers de la mode, également. Parmi les premières créations à attirer l’œil des aficionados : la chaise Bold imaginée par Big-Game, qui fait penser à un trombone recouvert de mousse, celle baptisée Petite Gigue d’Azambourg, qui tient sur trois pieds, le centre de table Dress de Graindorge, réalisé à partir d’un morceau de tissu encerclé dans du contreplaqué, et ses vases qui invitent à pratiquer l’art floral japonais de l’ikebana. Des meubles et des objets finalement simples, qui pourraient être estampillés « de consommation courante » mais qui se distinguent radicalement de ce que l’on trouve alors sur le marché du design, trusté d’un côté par l’industrie du meuble et de l’autre par une poignée de galeries.

Chaise Strap de Scholten & Baijings (Moustache).
Chaise Strap de Scholten & Baijings (Moustache). Moustache

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