À quoi pensez-vous quand vous entendez le mot « motel» ? Très probablement aux road-trips sur les interminables routes américaines, aux diners, aux motocyclistes ou encore à Ryan Gosling fuyant deux tueurs … Autant de clichés qui nous fascinent et nous ont été racontés depuis toujours. Eh bien, mettez vous à jour ! Nés dans les années 20 aux États-Unis, ces hébergements économiques donnant sur la rue et destinés aux voyageurs motorisés qui avaient besoin de faire des pauses pendant leur chemin font désormais peau neuve et deviennent de véritables destinations des vacances. Le fruit d’une nouvelle génération d’hôteliers qui se sont emparés du concept en prêtant attention au style et aux détails afin de donner au motel une toute nouvelle expression du chic.
C’est d’ailleurs dans cet esprit qu’est né le Motel Inn de San Luis Obispo en Californie, le tout premier du genre, datant de 1925. Son nom est l’abréviation de « Motor Hotel Inn», l’expression complète étant trop longue pour rentrer dans le panneau. « Il était luxueux pour l’époque, décoré en style Mission Revival espagnol, avec un clocher à trois étages, des piliers blancs et une cour bordée d’arbres», écrivait Kristin Jackson pour le Seattle Times deux ans après la fermeture du motel en 1991.
Selon David Middlecamp du journal la Tribune, « les unités avaient des commodités modernes comme les douches, le chauffage central et la moquette, et il y avait même des chambres pour les chauffeurs». Un confort affiché à 2,50 dollars la nuit, plutôt intéressant compte tenu du fait que la plupart des voyageurs en voiture à cette époque-là allaient séjourner dans de minuscules cabanes en bois ou sur des terrains de camping. Tout en conservant leur caractère abordable, aujourd’hui les prix des motels reflètent un service et une esthétique repensés en grand.
The American Dream
Ce sont, sans surprise, les États Unis qui guident cette renaissance, avec une offre désormais pléthorique. Impossible de ne pas nommer l’Austin Motel, au Texas, qui avec son ambiance rétro-chic faite de meubles colorés, papier peint audacieux et accessoires vintage est constamment complet et a remporté plusieurs prix de design. La plupart de ses chambres s’ouvrent sur une cour doté de palmiers, d’une piscine, un bar à cocktails et un restaurant.
The Drifter, à New Orleans, est un autre incontournable. Inspiré de la Beat Generation et des États-Unis d’après-guerre, avec mobilier en style Oaxacan, il accueille 20 chambres et une cour avec une piscine qui propose des spectacles de yoga, d’art immersif et de musique en direct. Le café du motel servant des pâtisseries locales, offre aussi un service de location gratuite de vélos.
À Miami, The Vagabond Motel est inscrit depuis 2014 au National Register of Historic Places. À ses débuts lieu de villégiature de la classe moyenne-bourgeoise américaine, il est devenu une icône de la région, avec son style architectural géométrique et sculptural, ses chambres affichant lits italiens, fresques géométriques dessinées à la main, mobilier moderne du milieu du XXe siècle et parquet original datant de la même période, ainsi qu’une cour extérieur avec piscine et bar qui propose une cuisine asiatique et d’inspiration latino-américaine.
En Californie, on trouve des dizaines de motels emblématiques. Parmi les plus cultes, il y a certainement le Phoenix Hotel à San Francisco, conçu en 1956, qui dans son histoire a accueilli des stars de la musique tels que Neil Young, David Bowie, Kurt Cobain et les Red Hot Chili Peppers. Le Nobu Ryokan à Malibu, lui, se présente comme une auberge japonaise en version contemporaine, où le style minimaliste traditionnel se mélange à des éléments de l’Est, comme les baignoires en bois et les moustiquaires shoji.
Les exemples de motels cool regorgent aux Etats-Unis. On parle même d’un « Roadside Revival», un amour retrouvé pour l’esthétique Americana des années 70/80/90, propulsé par les nouveaux films hollywoodiens et les mots de Lana Del Rey qui chante les étés éternels, les motards louches, les histoires d’amour poignantes. « La nostalgie évoque une époque plus simple, celle des appareils photo Polaroid et des souvenirs de ce que c’est que d’être un enfant », expliquait il y a deux ans au Washington Post Krista Stokes, qui a dirigé le projet de transformation du Lodge on the Cove à Kennebunkport, dans le Maine.
Pour d’autres, le facteur Covid a également joué un rôle central dans ce nouvel engouement. « Poussés par l’isolement social (COVID), les gens cherchent des endroits où passer du temps de qualité ensemble. Des endroits qui sont favorables à la famille et aux amis», affirmait ainsi Rob Blood, fondateur et président de Lark Hotels, toujours au Washington Post.
En France, un tout nouveau intérêt
De façon moins évidente, l’Europe aussi surfe sur la vague « motel». En France, plusieurs motels récemment ouverts se font remarquer pour leurs allures américaines. Aux portes de la Camargue, à Arles, l’Hôtel les Cabanettes, conçu entre 1965 et 1967 par l’architecte et artiste multiple Armand Pellier, en est un bon exemple.
Issu d’une idée d’un couple franco-américain ayant travaillé dans l’hôtellerie à New York comme en France, cet établissement en pierre du Pont du Gard, arqué et ouvert sur le paysage, abrite 29 chambres de plain-pied sans vis-à-vis, donnant sur une terrasse privative et des patios. Après le petit-déjeuner, dont l’offre inclut une formule américaine (œufs brouillés, bacon, toast de pain de campagne), vous pouvez vous baigner dans la piscine en face du restaurant.
L’expression parfaite de l’idée du motel d’Amanda Marcello, vice-présidente du branding du groupe hôtelier RLHC, selon laquelle « les motels étaient vraiment les symboles des voyages en voiture en famille ou entre amis. Ils étaient amusants et faciles. Vous pouviez garer votre voiture juste en face et entrer dans votre chambre» (Usa Today).
Le Wanderlust Motel (première structure du genre de la chaîne Wanderlust ) situé au pied du glacier des Bossons, à quelques minutes en voiture de Chamonix, transporte la Californie à la montagne. Ses chambres, pensées par Pitaya Group, reprennent les codes des motels américains : murs colorés, fauteuils pliants, petites tables façon café, enceintes Marshall, téléphones des années 70. Son restaurant rappelle, dans le design et l’offre, les classiques diners. En plus, le motel dispose d’un jardin, d’une piscine, d’une terrasse et propose aussi des cours de yoga et la location de matériel pour skier.
Enfin, côté océan, il ne faut pas oublier le tout récemment renouvelé Hotel des Dunes, au Cap Ferret. Conçu dans l’esprit des surf lodges de la West Coast californienne façonnés cabanes « tchanquées» du Bassin d’Arcachon, tout ici évoque le paysage naturel de la région et la vibe typique des vieux motels américains : l’entrée sous les palmiers, la petite cour enrichie de hamacs et de transats, les chambres équipées de petits balcons ou terrasse privative, le mobilier essentiel en pin… La cerise sur le gâteau : la possibilité de louer des planches à surf.
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