Une ancienne usine transformée en maison contemporaine par Carlo Pontesilli

Visite d'une demeure minimaliste tournée vers le cinéma.

Le producteur italien Carlo Pontesilli vit dans la Ville éternelle, cité cinématographique s’il en est. Et l’histoire de sa maison possède les ressorts d’un bon scénario ! Construite dans les années 30 près du parc régional de l’Appia Antica, l’une des plus anciennes voies romaines, son habitation XXL est une ex-usine transformée en demeure atypique… où trône une salle de projection.


À lire aussi : À Bruxelles, une écoconstruction moderne en pleine nature


Carlo Pontesilli, producteur. Son dernier film, Scordato, de et avec Rocco Papaleo et la chanteuse Giorgia, a rencontré un beau succès public et critique en Italie. De quoi parader sur le pont de son ferry? Non, son paquebot à lui offre 320 m2 d’espace habitable pour 240 m2 de jardin et niche dans un quartier tranquille et néanmoins central de la Ville aux sept collines.
Carlo Pontesilli, producteur. Son dernier film, Scordato, de et avec Rocco Papaleo et la chanteuse Giorgia, a rencontré un beau succès public et critique en Italie. De quoi parader sur le pont de son ferry? Non, son paquebot à lui offre 320 m2 d’espace habitable pour 240 m2 de jardin et niche dans un quartier tranquille et néanmoins central de la Ville aux sept collines. Mads Mogensen

La maison romaine du producteur de films Carlo Pontesilli ne regorge pas de détails particulièrement éclairants sur son activité. Si ce n’est une salle de projection privée, meublée de bancs de cinéma vintage… Non conventionnel, très contemporain, cet intérieur fascine néanmoins d’emblée par sa superficie et son plan ouvert : 320 m2 d’espace habitable, 240 m2 de jardin et des façades extérieures sur lesquelles grimpent des figuiers rampants.

L’ensemble produit une atmosphère douce grâce au gris tourterelle pâle qui recouvre une large partie des murs, une nuance « qui n’ennuie pas, qui accompagne, intéressante justement de par son intemporalité », explique le propriétaire. Quand il visite cette usine érigée dans les années 30 la première fois, Carlo Pontesilli la découvre totalement délabrée et envahie par la végétation. Mais il aime « l’idée de récupérer un espace urbain délaissé ». Et d’y trouver une telle tranquillité si près du centre.

On n’est jamais mieux servi que par soi-même. Au coeur de son gigantesque volume, le propriétaire a installé une salle de projection privée, meublée de bancs vintage. Plafonnier conçu par le studio Emporio, basé à Rome, qui a aménagé les lieux. Au mur, I Pugili (« Les Boxeurs »), oeuvre de Wainer Vaccari.
On n’est jamais mieux servi que par soi-même. Au coeur de son gigantesque volume, le propriétaire a installé une salle de projection privée, meublée de bancs vintage. Plafonnier conçu par le studio Emporio, basé à Rome, qui a aménagé les lieux. Au mur, I Pugili (« Les Boxeurs »), oeuvre de Wainer Vaccari. Mads Mogensen

Les immenses volumes ont été mis en valeur par la création de plusieurs puits de lumière. La découpe, notamment, d’un trou de 6 mètres sur 5 mètres dans le plafond a autorisé l’introduction d’une grande boîte en verre formant un patio arboré, qui fait aussi office de salon et de salle à manger extérieurs.

L’impluvium, le nom que lui a donné Carlo Pontesilli, évoque la partie rectangulaire en creux de l’atrium, qui recueillait l’eau de pluie dans la Rome antique. La quantité de lumière qui éclaire désormais l’espace met en valeur les murs de pierre d’origine, bâtis en opus romain, un procédé qui associe des blocs de différentes tailles.


À lire aussi : À Londres, la maison en brique éco-responsable de Studio CAN


Pile et face, les portes vitrées séparant la chambre de la cuisine. Les lames du plancher en chêne pigmenté de blanc apportent chaleur et douceur. Des rideaux en lin assurent l’intimité. Posée au sol, peinture noire de la série « Tentativo di Esistenza » de Giovanni Manfredini.
Pile et face, les portes vitrées séparant la chambre de la cuisine. Les lames du plancher en chêne pigmenté de blanc apportent chaleur et douceur. Des rideaux en lin assurent l’intimité. Posée au sol, peinture noire de la série « Tentativo di Esistenza » de Giovanni Manfredini. Mads Mogensen

Les teintes claires et foncées, équilibrées, créent tout au long de l’année des ombres magiques. Carlo Pontesilli a ensuite suffi d’édifier deux cloisons pour délimiter les fonctions. Derrière l’une d’elles se trouve la cuisine, un grand volume de rangement, une buanderie et un local technique, tandis que l’autre recèle la salle de bains attenante à la chambre du propriétaire avec son dressing. Cette dernière a été isolée par des portes en verre à cadre métallique, qui rappellent le passé industriel du bâtiment et assurent la circulation de la lumière naturelle.

Ce grand espace ouvert a nécessité un ameublement surdimensionné. Table à manger de 4 m de long conçue par le studio Emporio.Autour, 12 chaises Czech de Hermann Czech (Gebrüder Thonet). Îlot de cuisine Pedini long de près de 5 m. Cuisinière Barazza.Réfrigérateurs Smeg. Suspensions In The Tube de Dominique Perrault et Gaëlle Lauriot‑Prévost (DCW Éditions). Carlo a emprunté à son ami, l’artiste Benedetto Marcucci, une oeuvre déjà exposée à New York, à Rome et lors de la Biennale de Venise.
Ce grand espace ouvert a nécessité un ameublement surdimensionné. Table à manger de 4 m de long conçue par le studio Emporio.
Autour, 12 chaises Czech de Hermann Czech (Gebrüder Thonet). Îlot de cuisine Pedini long de près de 5 m. Cuisinière Barazza.
Réfrigérateurs Smeg. Suspensions In The Tube de Dominique Perrault et Gaëlle Lauriot‑Prévost (DCW Éditions). Carlo a emprunté à son ami, l’artiste Benedetto Marcucci, une oeuvre déjà exposée à New York, à Rome et lors de la Biennale de Venise. Mads Mogensen

L’espace communicant, semblable à celui d’un loft, a permis d’aménager un salon et une salle équipée d’un grand écran. En raison de l’absence des traditionnelles ouvertures latérales, la principale source d’éclairage provient de lucarnes en verre dépoli. Un petit appartement avec entrée indépendante occupe une aile de la construction, l’ancien garage, et accueille les amis de passage. 


À lire aussi : Home: En Australie, une fascinante maison passive de nouvelle génération


La porte en bois conduit à l’appartement d’amis sis dans une aile distincte qui accueillait autrefois un garage. Au-dessus, trois poutres métalliques témoignent du passé de cet ex-atelier de typographie et de mécanique, qui abrita aussi une usine de savon. Sculpture vélo en métal Mio Padre de Giovanni Albanese. Au mur, peinture de Franz Prati
La porte en bois conduit à l’appartement d’amis sis dans une aile distincte qui accueillait autrefois un garage. Au-dessus, trois poutres métalliques témoignent du passé de cet ex-atelier de typographie et de mécanique, qui abrita aussi une usine de savon. Sculpture vélo en métal Mio Padre de Giovanni Albanese. Au mur, peinture de Franz Prati Mads Mogensen

À trottinette dans son « magazzino »

Le propriétaire a pris au pied de la lettre la fameuse formule de Mies van der Rohe selon laquelle « Less is more » (« Moins, c’est plus ») : il a réduit la structure et son intérieur au plus simple, privilégiant le fonctionnel et limitant l’ornementation au strict minimum.

« Je souhaitais avoir peu de choses, mais des choses que j’aime beaucoup, et qu’il y ait beaucoup de place autour pour qu’elles semblent flotter », explique-t-il. Rien ne doit dominer, tout doit s’équilibrer, y compris sa propre présence. « Ici, je peux stocker mes souvenirs, mes livres, mes disques et les œuvres d’art collectionnées au fil des ans. Mais je peux aussi organiser des réunions de travail. C’est un espace dynamique et vivant. »

Dans la chambre principale, un dressing se niche derrière la tête de lit et s’étend tout le long du mur. Lit réalisé sur mesure par un artisan. Table d’appoint DePadova. Tapis Gan.
Dans la chambre principale, un dressing se niche derrière la tête de lit et s’étend tout le long du mur. Lit réalisé sur mesure par un artisan. Table d’appoint DePadova. Tapis Gan. Mads Mogensen

De fait, Carlo Pontesilli a baptisé son habitation « il magazzino », terme italien désignant un entrepôt où l’on peut se livrer à diverses activités. Enthousiasmé par ce grand espace ouvert, Carlo Pontesilli, lors de son emménagement, s’est acheté… une trottinette : « Je me promène dans ma nouvelle maison comme un enfant en liberté », conclut-il en riant. 


À lire aussi : À Paris, l’appartement pop du Studio Klein