Mode & Design : L’écrin au chausse-pied de Sophie Dries pour Michel Vivien

Pour aménager son unique boutique, rue du Faubourg-Saint-Honoré, à Paris, le chausseur Michel Vivien a fait appel à l’architecte Sophie Dries. De leur dialogue est né un vocabulaire inspiré de l’éthique du créateur : art et sobriété, naturalité et féminité.

Le lieu ne racontait plus rien : un profond rectangle aux murs abîmés et six mètres de façade à quelques pas de l’Élysée. C’est là que, désormais, les fans de Michel Vivien peuvent retrouver l’intégralité de ses collections, et bien plus encore : l’univers intime du créateur. L’enjeu est crucial : il s’agit de l’unique boutique de sa marque, née en 1998 et – fait rare – toujours indépendante.

Michel Vivien l’a confiée à l’architecte et designer Sophie Dries (qui a créé son studio en 2014, après quelques années chez Jean Nouvel, Pierre Yovanovitch et Christian Liaigre). Pour s’imprégner de l’univers du chausseur, qui voulait un « neutre chaleureux », elle a passé de longs moments chez lui et dans l’atelier attenant à son bureau.

L’emploi de matières brutes

Il fait tout de ses mains : dessine des dizaines de modèles au feutre, façonne les prototypes avec des scies japonaises, des gouges et des râpes. Le duo s’est retrouvé sur l’emploi de matières brutes : béton pour le sol et bois massif pour les étagères, disposées librement sur un mur blanchi à la chaux, comme une partition de musique où trottent escarpins, bottines et sandales en cuir tressé.

En face, sur toute la hauteur, une élégante vague de noyer américain ondule comme un paysage. « Tout ici a été fabriqué artisanalement, presque rien n’a été acheté », précise l’architecte, avant de détailler le comptoir recouvert à la feuille d’or, les appliques façonnées à Murano, les tabourets en bois tourné.

Des teintes flamandes pour Michel Vivien

Avec le curateur Gilbert Kann, ils ont aussi beaucoup chiné. « La sculpture de Philippe Hiquily, dit Michel Vivien, je la vois comme une “menine” galactique, c’est notre demoiselle d’honneur, tandis que les totems de Michael Vosseler sont comme deux vigies dans ce moment opaque. »

Il a enfin rapporté de chez lui un fauteuil scandinave en cuir, des formes en bois, des photos… Et un dessin de femme au chapeau qu’il a réalisé d’après Petrus Christus, peintre primitif flamand du XVe siècle, dont les teintes ont inspiré à Sophie Dries les couleurs des tapis : cuivre, vert forêt et or. 

> Michel Vivien. 70, rue du faubourg Saint-Honoré, 75008 Paris. Site Web.

L’intervention, très sensible, de Sophie Dries est inspirée par le travail de la main, cher au chausseur. Un artisanat qui s’incarne aussi dans une lampe de bureau signée Charlotte Perriand.
L’intervention, très sensible, de Sophie Dries est inspirée par le travail de la main, cher au chausseur. Un artisanat qui s’incarne aussi dans une lampe de bureau signée Charlotte Perriand. Valerio Geraci
A gauche : Présentoirs à chaussures de la boutique de Michel Vivien. A droite : « Anthropomorphic Standing Lamp » en métal doré, de Philippe Hiquily.
A gauche : Présentoirs à chaussures de la boutique de Michel Vivien. A droite : « Anthropomorphic Standing Lamp » en métal doré, de Philippe Hiquily. Valerio Geraci
L’architecte d’intérieur Sophie Dries dans la boutique de Michel Vivien, à Paris.
L’architecte d’intérieur Sophie Dries dans la boutique de Michel Vivien, à Paris. Valerio Geraci