Les dimanches après-midi aux Puces de Saint-Ouen n’auront donc plus la même saveur. Si la tendance était au poulet-frites chez Ma Cocotte ou à la pizza au Mob Hotel après avoir serpenté les allées de Paul-Bert-Serpette, l’avènement du MOB House prolongera la journée autour d’une bière Deck & Donohue brassée en Île-de-France ou d’un cocktail à l’alcool infusé sur place. Les pieds dans la piscine chauffée.
Brooklyn-sur-Seine
En 2017, Cyril Aouizerate avait impulsé une nouvelle dynamique en installant son MOB Hotel à Saint-Ouen. Il fait coup double cinq ans plus tard avec MOB House, une déclinaison pensée pour les travailleurs. Si son premier opus avait vocation à casser les codes de l’hôtellerie, le second rebat les cartes du genre. Normal, l’entrepreneur se décrit comme un artisan hôtelier.
Il faut avouer que, depuis l’extérieur, il ne ressemble en rien à un hôtel. On pénètre dans le sanctuaire par sa cour, un paisible espace vert pavé de briques et parsemé de petits balcons en fer forgé noir. Comme un drôle d’air de Brooklyn…
Cette idée ne nous quittera pas, même une fois installé dans une des suites, ou un cocktail à la main, au bar. Comme si Paris avait été laissé pour compte — d’ailleurs, nous n’y sommes pas ! —, il règne, au MOB HOUSE, une atmosphère industrialo-artisanale. Un paradoxe comme aime en cultiver l’architecte d’intérieur des lieux, Philippe Starck.
MOB House : plus qu’un hôtel
Autre singularité : cet hôtel n’a pas été imaginé pour les touristes. Parce que Cyril Aouizerate n’aime pas se répéter, il a utilisé la centaine de mètres qui sépare les deux MOB pour entériner leurs différences.
Ainsi, MOB House s’émancipe en abolissant par exemple room service, pantoufles et télévision dans les chambres. Celles-ci sont d’ailleurs imaginées comme de petits appartements multifonctions où les travailleurs d’aujourd’hui peuvent concilier réunions de travail, déjeuners professionnels et nuit douillette, le tout dans la même unité. Des rideaux viennent en effet délimiter les espaces afin que les visiteurs n’aient pas à témoigner du désordre laissé par l’occupant. Les suspensions sont également amovibles afin d’apporter plus ou moins de clarté directe en fonction des besoins, qu’on travaille ou qu’on se relaxe.
L’écologie sociale comme principe directeur
Côté décoration, l’artisanat est à l’honneur. La plupart des matériaux qui habillent les chambres célèbrent des savoir-faire traditionnels et oubliés, à l’instar de têtes de lit en paille de riz (notamment utilisée pour les tatamis). Des tuiles du Beaujolais faites à la main recouvrent certains murs tandis que d’autres sont enduits d’argile.
L’hôtel bannit en effet toute peinture, préférant produits bruts, non acryliques. Pas de meubles standardisés non plus : les rangements ont été élaborés sur mesure. Seules quelques chaises imaginées par Starck parsèment les espaces, comme une signature discrète.
Une salle de fitness équipées des machines Technogym reste ouverte en continu au rez-de-chaussée pour les sportifs insomniaques. Et, cerise sur le gâteau, une piscine chauffée a été creusée au fond du jardin de cet ancien hospice de l’armée de l’air, pour lui permettre de prétendre à ses quatre étoiles.
Saint-Ouen est une fête
Enfin, une house n’en serait pas une sans sa cuisine. Ainsi, le chef auréolé de deux macarons Michelin Jérôme Banctel signe la carte très végétale de La Feuille de Chou. Dans le même espace, ouvert et convivial, cohabite un bar bling-bling — on cherchait jusque-là une loufoquerie à la Starck — où sont distillés liqueurs et sirops. Nicolas de Soto, mixologue reconnu, en signe la carte.
L’été devrait également voir fleurir deux rooftops. L’un privatif, à réserver pour les grands événements ou inclus dans la location d’un appartement en duplex. L’autre ouvert à tous, lieu de fête et de bonne humeur en plein air comme il manquait encore à Saint-Ouen.
> MOB House. 70 rue des Rosiers, 93 400 Saint-Ouen. Réservations.