En fait, la distance entre les deux têtes pensantes de Mist-o est un atout. Exemple : se parler sur Skype incite à se concentrer sur l’essentiel. Et puis, le pont que le duo a jeté entre l’Asie et l’Occident leur permet d’être en contact avec deux fois plus de clients, de fournisseurs, voire… de fans. Après avoir présenté, au dernier Salon de Milan, « Continuum », un étonnant système de rangement pour salle de bains, Mist-o termine à Tokyo l’aménagement de trois étages de bureaux, du côté d’Omotesando. Coup double.
En 2006, en sortant de l’Istituto Europeo di Design de Milan, où ils sont devenus amis, Noa est entré chez David Chipperfield à Milan et Tommaso chez Roberto+Ludovica Palomba. On ne pouvait trouver deux points d’observation sur le design autant orientés vers l’architecture. En 2010, ils fondent Mist-o.
« Nous avons en commun la recherche de qualité dans nos projets et le refus d’une certaine superficialité. Nos objets sont simples mais pas froids. Il faut qu’ils soient utiles et honnêtes, pas juste beaux à admirer », assure Tommaso.
Efficaces comme un projet d’architecture intérieure, leurs éléments de salle de bains « Continuum », produits par Milestone, donnaient en plus une nouvelle destination au grès écologique de ce producteur, jusque-là plutôt utilisé en façade par les architectes.
Giulio Cappellini, grand manitou du design italien qui les suit depuis le début, leur a demandé de faire un mocassin Tod’s. « Nous l’avons décalé de son chic classique », explique Tommaso. Le motif techno fun qui court en relief sur la chaussure donne aussi un côté textile au cuir.
Chez Living Divani, la directrice artistique Carola Bestetti tient à les associer à toutes les étapes de la création de leur mobilier, banc noir Inari sobrissime ou tapis Misore compris. On ne voit de la couleur que dans leur verrerie, chez le milanais Ichendorf. « Nous aimons le mobilier discret mais reposant sur un concept fort. La couleur n’en est qu’un élément », décrypte Tommaso.
La période leur est favorable vu que les éditeurs préfèrent produire moins mais mieux. Mist-o prend le temps de s’imposer. Mais les salons somment de s’exposer avec régularité. Pour Tommaso, « c’est stressant mais c’est comme ça ». Sans qu’il soit question une seconde d’abreuver le marché avec des produits qui crient.