Une couleur ?
Fanny Bauer Grung : Deux sont très présentes. Un blanc doux pour les parties communes et un gris foncé pour les espaces privés.
Un matériau ?
Le bois – dans sa dimension la plus naturelle, la plus brute – est probablement notre matériau favori, parce qu’il renvoie directement à la nature et à une certaine forme d’authenticité.
Une pièce favorite ?
Pour moi, c’est le salon, car c’est là que l’on passe l’essentiel de la journée et que l’on partage des moments entre amis. Pour David, c’est le bureau. Même si notre agence n’est plus chez nous, nous y avons conservé un petit bureau-studio.
Un meuble ?
La chaise, parce que c’est un objet à la fois simple et complexe, avant tout fonctionnel et qui ne cesse de se réinventer.
Un designer ?
Achille Castiglioni (1918- 2002), pour la force des objets qu’il a conçus et parce qu’il a su repousser les limites de la création. Mais d’une manière générale, nous regardons plus du côté de l’art que du design, ce qui nous permet de ne pas nous laisser influencer. Les réseaux sociaux véhiculent tellement d’images que cela peut vite devenir « contaminant ».
Une pièce de design ?
Nous avons une passion pour l’Office Chair (1955) de Pierre Jeanneret (1896-1967). Son dessin est d’une grande justesse et l’association du bois et du cannage on ne peut plus pertinente.
Une ville ?
Nous n’en avons peut-être pas vu assez pour faire un choix. Mais Milan est un endroit très particulier pour nous, car nous y sommes tous les deux des étrangers. Nous nous y sommes rencontrés et avons choisi de nous y installer.
Un hôtel ?
Tous racontent une histoire inédite. S’il fallait n’en choisir qu’un, ce serait l’hôtel Luna Convento, à Amalfi . C’est un endroit qui n’a rien à voir avec le design contemporain, mais son cadre, sa situation, son atmosphère nous plaisent énormément.
Un artiste ?
Pas facile de choisir. Disons trois : le sculpteur espagnol Eduardo Chillida (1924-2002), le plasticien américain Donald Judd (1928-1994) et la peintre canado-américaine Agnès Martin (1912-2004). Parce qu’il y a chez chacun d’eux une formidable cohérence. Quelque chose de très fort et de très simple à la fois.
Une boutique ?
Nous aimons beaucoup les concept-stores. Mais aussi ces vieux drugstores que l’on peut encore trouver en Italie, avec leurs agencements atemporels et leur personnel qui semble immortel. À Milan, nous adorons Lorenzi, pour son choix d’objets éclectiques incroyables d’artisanat d’art, du nécessaire à barbe aux couverts…
Un styliste ?
Phoebe Philo. Elle a réalisé un travail formidable pour la mode féminine des dix dernières années, notamment chez Celine. Une approche simple mais très intelligente. David, lui, n’est pas spécialement porté sur la mode…
Un architecte ?
Peter Zumthor parce que c’est un vrai poète ; Mies van der Rohe (1886-1969) pour David. Et nous éprouvons tous deux une grande passion pour le travail de l’agence indienne Studio Mumbai.
Un bâtiment ?
La Bruder Klaus Field Chapel, de Zumthor, dans les environs de Cologne. Pour réaliser le coffrage intérieur, il a utilisé du bois qu’il a ensuite brûlé. Le résultat est une texture étonnante qui ressemble à une grotte. Pour David, c’est évidemment le pavillon de Barcelone de Mies van der Rohe.
Un restaurant ?
Comme pour l’hôtel, ce n’est pas une réponse « design », mais la cuisine est y tellement bonne : La Latteria, à Milan, est une trattoria basique qui a su rester authentique dans son décor comme dans l’assiette.
Un jardin ?
Ceux du paysagiste néerlandais Piet Oudolf. Il a un vrai don pour apprivoiser la nature, quelle que soit l’échelle du jardin qu’il crée.
Un livre ?
The Fountainhead (La Source vive, 1943) d’Ayn Rand (adapté au cinéma par King Vidor en 1949, avec Gary Cooper, sous le titre Le Rebelle, NDLR) qui est sans doute sur les étagères de nombreux architectes. Il décrit la vie d’un architecte anticonformiste dans le New York des années 20.