Maison solaire à Rambouillet : le cocon minéral de Francesco Balzano

À l’orée de la forêt de Rambouillet, Francesco Balzano signe une maison lumineuse et minimaliste, pensée comme un refuge estival mais à vivre toute l’année.

Les fantômes de Coco Chanel, Colette, Maurice Ravel ou encore Charles Aznavour flottent à Rambouillet, dans ce paisible village de caractères aux ruelles pavées et aux toitures irrégulières, à seulement 40 minutes de l’agitation parisienne. Dans cet environnement à la fois modeste et chargé d’histoire, le designer, architecte d’intérieur et fondateur du studio After Bach, Francesco Balzano, a orchestré la transformation complète d’une maison de 150 mètres carrés en un havre de paix solaire. Visite guidée.


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Un esprit de maison de vacances… 365 jours par an

Le projet ne s’inscrit pas dans une logique de restauration patrimoniale, mais dans une réécriture totale du plan et des usages. Francesco Balzano a repensé la distribution des pièces, inversé certaines fonctions et créé une chambre supplémentaire. L’espace nuit principal a été installé au rez-de-chaussée, en lien direct avec le jardin.

À l’étage, deux autres chambres prennent place, dont l’une, accessible par un escalier indépendant, a été imaginée comme un studio d’artiste. Seuls quelques éléments d’origine ont été conservés – une cheminée en brique et un escalier – mais allégés visuellement pour mieux s’intégrer dans un nouvel ensemble, épuré et lumineux. « Ce qui nous amusait, c’était de créer une cabane chic, une maison baignée de lumière, comme sur la côte amalfitaine ou espagnole », explique le designer. D’où une volonté claire de privilégier les enfilades pour ouvrir les perspectives et donner une impression de dedans-dehors.

Le travertin comme fil conducteur

« Il y a un silence dans cette matière qui porte l’histoire du monde. » Francesco Balzano a choisi un travertin Alabastrino pour recouvrir l’intégralité du rez-de-chaussée. Une pierre douce au toucher, qui évoque les villages italiens et capte la lumière du jour avec justesse. « Le travertin est devenu une sorte de signature, confie-t-il. Je l’utilise autant dans mes pièces de mobilier que dans mes projets d’intérieur. Il apporte une profondeur, une authenticité et une vibration unique. »

Ce sol minéral ivoire et champagne donne le ton et s’accorde à une palette chromatique très claire, comme blanchie par le soleil. À l’étage, le jonc de mer prend le relais, prolongeant cette sensation de douceur silencieuse et renforçant l’idée d’un cocon propice au lâcher-prise. « J’aime l’idée que c’est une maison où l’on peut vivre pieds nus été comme hiver grâce au chauffage par le sol. » Ce qui renforce incontestablement l’atmosphère de vacances permanente.

Une décoration pensée comme une partition

Côté décoration, rien n’est démonstratif, tout est mûrement réfléchi. Ce grand amateur de Keith Jarret, Brad Meldhau et Max Richter conçois chaque espace comme une partition où chaque élément doit résonner avec les autres. « C’est une discussion permanente », comme il aime le souligner, entre ses propres créations – une enfilade et une table en travertin, un banc en résine gris et rose – et des meubles chinés – table basse en rotin – ou signés.

Portrait de Francesco Balzano, dans sa maison de Rambouillet.
Portrait de Francesco Balzano, dans sa maison de Rambouillet. Vincent Leroux

On cite notamment le fauteuil rayé rouge et blanc de Vico Magistretti, mi-transat de plage, récemment réédité, qui non seulement crée une rupture graphique et entre en résonance avec des coussins The Socialite Family arborant le même motif, que l’on retrouve aussi dans la chambre parentale.

La même mosaïque vert d’eau s’invite dans la cuisine et dans les salles de bains tandis que les objets cohabitent sans hiérarchie : une lampe d’Inga Sempé, des stores Madura, une suspension trapèze Hubsch, une robinetterie Udson & Reed, des assiettes Dough de Faye Toogood et même quelques pièces Zara Home. Le diable se cache dans les détails et en effet, comme ce textile vénitien aux motifs floraux de Chiarastella Cattane, qui recouvre la banquette de la cuisine et qui habille tel un tableau  le mur de la cheminée du salon dont les briques rouge du foyer ont été peintes en noire, comme un clin d’oeil à Alvar Aalto ou au musée Louisiana à Copenhague.

L’architecte glisse aussi quelques-unes de ses propres photographies, issues de ses expositions en galerie ou de sa résidence à la Villa Médicis. « Tout est sa place. Il y a quelque chose de gainsbourien dans cette recherche du bon endroit, de la bonne sonorité », conclut-il.


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