La Maison au bord de l’eau de Charlotte Perriand … à Miami

Il aura fallu 80 ans pour que la « Maison au bord de l’eau» de Charlotte Perriand imaginée en 1934 voit enfin le jour. A l’occasion de la Miami art week en 2013, Louis Vuitton a, en effet, eu la bonne idée de réaliser ce projet légendaire, resté jusqu’alors à l’état de dessin. Retour sur une histoire incroyable.

Pionnière de l’architecture d’intérieur aujourd’hui encensée dans le monde entier, Charlotte Perriand participe en 1934 à un concours de design organisé par le magazine l’Architecture d’Aujourd’hui. Le but ? Plancher sur un hébergement de vacances facile à construire, économique et destiné au grand public, deux ans avant le début des congés payés en France.

La designeuse conçoit alors « La Maison au Bord de l’Eau» et remporte le deuxième prix. A l’époque, personne n’est intéressé par cette réalisation. Retravaillé pour correspondre à des familles plus fortunées, le projet initial ne voit pas le jour mais les croquis furieusement contemporains suscitent finalement l’attention de Louis Vuitton des décennies plus tard, à la suite d’une discussion avec sa fille, Pernette.

La maison de haute-couture s’appuie alors sur des dessins préparatoires pour reproduire la Maison au bord de l’Eau de Charlotte Perriand, en marge de Design Miami 2013. Elevée sur la plage de l’hôtel Raleigh à South Beach, la construction en bois repose sur des cubes et prend la forme d’un U. Déjà à l’époque du projet, les sols en iroko et les murs en okuma sont pensés pour résister à l’eau.

Les deux ailes disposent d’un côté les chambres — dont les lits sont l’œuvre de la designeuse — et la salle de bain, de l’autre la cuisine, la salle à manger et le salon.

On retrouve dans cette maison au bord de l’eau le goût de Charlotte Perriand pour l’utilitaire et le minimalisme. Les détails ne sont pas négligés, à l’instar des étagères situées sous les comptoirs afin d’y ranger des serviettes. Aux dires de sa fille, seuls les flux d’air et de lumière lui importaient : lorsqu’ils étaient maîtrisés, un petit espace devenait très agréable à vivre.

Au centre de la maison, les portes coulissantes donnant sur le patio rappellent l’attrait de Charlotte Perriand pour le Japon. Protégées du soleil par une toile tendue, deux chaises longues pliantes invitent à la paresse. Autant d’illustrations des principes modernistes qui aspiraient à créer des maisons où mieux vivre. L’architecte était finalement trop en avance sur son temps !