De retour dans le quartier de Salamanque qui l’a vu naître en 1992, le salon Casa Decor a investi cette année un ancien immeuble bourgeois du centre-ville de Madrid. Avant sa prochaine reconversion en appartements de luxe, la bâtisse des années 1920 accueille jusqu’au 10 mars une centaine de participants dans ses 55 pièces réparties sur quatre étages. Un véritable labyrinthe bien loin des showrooms, où les visions des architectes, designers et éditeurs espagnols s’assemblent, se confrontent et se juxtaposent avec une liberté des plus inspirantes.
Passé l’entrée, gardée par une immense carpe koi en bois blanc, les premières salles annoncent clairement le ton de la manifestation en privilégiant la diversité. Aux espaces inspirés par les contes de Lewis Caroll succède un restaurant aux influences modernistes aménagé par AC Hotel. Née à Madrid, la chaîne internationale signe ainsi sa première participation au sein du salon avec un lounge à l’image de ses établissements, mêlant sobriété et finitions haut de gamme.
En vedette au niveau du bar, le cuivre se décline sur des étagères tout aussi aériennes dans une salle intimiste, réchauffée par les teintes naturelles du velours et la subtilité des éclairages. A l’honneur un étage plus haut, les luminaires de la marque ibérique LZF sont mis en scène dans un espace maculé de noir, à mille lieues de l’extravagante salle de bains imaginée par la peintre et designer Patricia Bustos.
Déclinées en version « punk » par le fabricant de mosaïques Sicis, les réinterprétations du mouvement Memphis côtoient allègrement les influences Art déco d’un « club privé » aménagé par la décoratrice Soledad Ordòñez. Idem dans le bureau signé par Angel Verdù ou dans la chambre de Virginia Sànchez qui a souhaité rendre hommage aux femmes libérées de l’après-guerre : « rebelles, habituées à boire et à fumer et qui cherchent à profiter de la vie sans se soucier des normes sociales ».
Nettement plus contemporain, l’espace agencé par Héctor Ruiz-Velazquez réussit l’exploit de condenser un appartement dans une pièce de 28 m2. Le tout sans jamais se sentir oppressé grâce à une organisation spatiale qui mise sur plusieurs niveaux disposés autour d’un coin lecture et de l’iconique Lounge Chair des Eames. Car si les marques de mobilier espagnoles sont logiquement mises en avant, le design international et ses pièces les plus emblématiques ne sont pas en reste.
Outre la Slow Chair des frères Bouroullec ou un plafonnier d’Ingo Maurer, le fauteuil Fresh Fat de Tom Dixon répond aux vases de l’Espagnol Lladro tandis que le designer Miguel Muñoz scénographie un espace consacré aux collections de sanitaires du Suisse Geberit. De son coté, le Portugal a droit à sa propre « ambassade », matérialisée par un salon exclusivement meublé avec des marques du pays. Tapissé de liège, l’espace illustre également la place grandissante réservée aux matériaux naturels.
A travers l’usage du bois brut et des motifs de végétaux, la nature prend d’ailleurs son essor dans le hall réalisé par Juan Carlos Remedio et Desirée Meneses. Mais elle s’incarne aussi de manière plus surprenante dans un espace immersif, inspiré par les dunes du Sahara qui ont vu naître les premiers objets en cristal. Une pièce aux allures d’installation artistique, parfaite pour faire écho à l’ARCO, le festival d’art contemporain qui rythme actuellement la capitale ibérique.
> Casa Decor, jusquau 10 mars 2019. Nuñez de Balboa 86, Madrid.
Où dormir ?
Ac Hotel Cuzco : Dans ses chambres à peine rénovées, l’établissement du groupe Marriott met l’accent sur l’essentiel : du mobilier aux lignes épurées, des matières aussi chaleureuses que délicates et une sensation d’espace indéniable. Le tout dans un cadre relaxant et intemporel, à deux pas du stade Santiago-Bernabéu.
> AC Hotel Cuzco. Paseo de la Castellana, 133, 28046 Madrid. achotels.marriott.com