Mac Collins, le passé composé

Le jeune Anglais de 26 ans mêle influences scandinaves et racines afro-caribéennes dans des pièces marquées par la diaspora culturelle.

Deux années bridées par les confinements sanitaires à répétition n’ont pas empêché Mac Collins de devenir hyperactif. En 2021, le designer raflait à distance une demi-douzaine de récompenses, dont, à l’automne, le prestigieux prix du talent émergent du London Design Festival.

Une douance pour le design

Aussi jeune soit-il, Mac Collins est déjà le récipiendaire de nombreuses distinctions.
Aussi jeune soit-il, Mac Collins est déjà le récipiendaire de nombreuses distinctions. Bryan Erde / DR

Le Design Museum, dans la capitale anglaise, annonçait en parallèle l’acquisition de la chaise Concur. Une assise qui, d’après son auteur, « célèbre les notions romantiques de contentement et de sérénité […] face à la comédie d’une routine prescrite par la société ». Une manière de se réapproprier le temps forcé à tourner au ralenti. « C’est un honneur de rejoindre ces collections aux côtés de créateurs que j’admire depuis toujours », confie-t-il, tandis qu’il en profite pour révéler son tout dernier trophée, le prix Ralph Saltzman, décroché par l’entremise d’une nomination soutenue par le studio londonien de design Industrial Facility.

Des influences culturelles

Imaginée en mémoire de l’industriel fondateur de Designtex, société née en 1961 et leader dans le design et la fabrication de matériaux appliqués pour le bâtiment, la nouvelle distinction ouvre aussi les portes d’une exposition au Design Museum, assortie d’une bourse de 5 000 £ (environ 5 880 €). Pour Mac Collins, c’est l’occasion rêvée de mettre en scène son intérêt pour la diaspora africaine à travers des œuvres, des maquettes et des documents récents. « Mes pièces recèlent souvent des commentaires sur la société britannique et les liens qu’elle établit avec les cultures dont je suis l’héritier », explique celui dont la famille a émigré des Caraïbes vers l’Angleterre dans les années 50. Un moyen de prévenir leur érosion ? « En s’intégrant dans une nouvelle société, on perd forcément un peu de son passé », confirme-t-il.

La chaise Iklwa en frêne et en chêne. Un nom qui évoque les lances des populations zouloues, et dont la plastique fait travailler l’imaginaire.
La chaise Iklwa en frêne et en chêne. Un nom qui évoque les lances des populations zouloues, et dont la plastique fait travailler l’imaginaire. © David Cleveland

On se souvient de sa chaise afrofuturiste aux formes généreuses et protectrices, intitulée Iklwa en référence aux lances des populations zouloues, et dont la pigmentation ultramarine lui rappelait le costume de son grand-père jamaïcain. Si le brassage des cultures le fascine, Mac Collins explique vouloir désormais s’éloigner de la citation linéaire, en floutant les frontières entre design industriel et expérience immersive. Il prépare notamment des pièces pour la somptueuse demeure de Harewood House, près de Leeds, dans le nord de l’Angleterre, qui abritera en mars une biennale vouée à l’artisanat. 

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