Construite dans un petit hameau côtier d’Australie, la maison durable de Richard Keech, ingénieur, et de son épouse, Kate, chercheuse en immunologie devenue gestionnaire à l’université de Melbourne, est l’illustration de la savante combinaison de technologies pour obtenir un habitat passif implanté dans un environnement naturel : le détroit de Bass, un bras de l’océan Indien au-delà duquel se trouve la Tasmanie.
Un défi architectural
Cette habitation s’inscrit dans le cadre du projet éco-résidentiel The Cape, qui a pour objectif de bâtir 232 maisons écologiques sur une ancienne zone de pâturage. Située à l’emplacement le plus élevé du lotissement, la construction s’est révélée un exercice d’équilibriste pour assurer la meilleure orientation vers le soleil du nord et proposer des vues sur la mer, tout en s’adaptant à la pente du terrain.
Le couple a rencontré son architecte, Luke Middleton (EME Design), lors d’un événement consacré aux maisons durables. Immédiatement séduit par ses conceptions, il a fait appel à lui pour son projet. L’achat de la parcelle a eu lieu à la fin de l’année 2018, la conception a pris un an et la construction a été réalisée en 2020 par un constructeur local, Dave Martin. Le cahier des charges imposait une architecture légère, aérée et minimaliste, sans dalle de béton.
Luke Middleton a répondu à la commande avec une bâtisse au faîtage décentré et dont le toit se prolonge par un avant-toit à chaque bout, qui abrite une terrasse asymétrique et décalée, dont on peut profiter tout au long de l’année ; une structure de plancher surélevée et isolée, répartie sur trois niveaux pour s’adapter à la pente ; enfin, un garage au toit végétalisé d’espèces indigènes. L’homme de l’art a accordé une attention particulière aux points de vue et aux lignes d’horizon.
Ainsi, les fenêtres en bandeau, qui s’ouvrent de manière linéaire le long du côté sud-ouest du bâtiment, « rééquilibrent » la construction du sol en escalier. La hauteur des fenêtres augmente au fur et à mesure que l’on grimpe, une manière de préserver l’intimité de pièces telles que la salle de bains ou les chambres contrairement à la grande ouverture du salon. La faible largeur de certaines fenêtres contribue, elle, à optimiser l’efficacité thermique de la bâtisse, qui, étant donné son orientation, aurait été amoindrie par un vitrage étendu.
Une maison durable et confortable
Édifiée selon les règles de conception d’une maison passive, en référence à un type de construction à la fois confortable, abordable et efficace sur le plan énergétique, celle-ci déroule 132 m2 et affiche un classement haute performance énergétique de 8,4 sur une échelle de 10 (6 étant le minimum pour être considérée comme maison passive). Le bâtiment dessiné par Luke Middleton bénéficie du chauffage solaire ainsi que d’un système de ventilation à récupération de chaleur qui apporte une source constante d’air frais. « Grâce à une isolation optimale, la maison est silencieuse et échappe aux courants d’air, même si elle est exposée aux éléments », explique Kate.
L’intérieur, blanchi à la chaux, est d’influence japonaise : apaisant et épuré, car « nous voulions mettre en valeur les volumes », explique la propriétaire. En conséquence, les surfaces texturées pensés par Luke Middleton ajoutent une touche chaleureuse, comme un plafond recouvert de contreplaqué, des sols en chêne de Tasmanie, un îlot de cuisine et un hall d’entrée lattés, aux carreaux de mosaïque japonais et aux stores en papier rétractables.
Le mobilier est de style moderniste : des chaises en cuir naturel héritées sont assorties à un canapé en lin vert sauge et à une table de salle à manger contemporaine. Les lits, les tables de chevet et les bureaux ont été choisis pour leur design suspendu ou« flottant », c’est-à-dire sans pied et renforçant la sensation d’espace et de calme. « Quand nos enfants ont quitté la maison, nous étions prêts à changer. Ce projet nous a donné une nouvelle perspective, soit un mode de vie plus durable et plus sobre. Près de la plage, entourés de kangourous et d’oiseaux, nous nous sentons reconnaissants de faire partie de cette communauté et d’avoir créé quelque chose dont nous sommes fiers. »