Les meubles impossibles du designer Andrés Reisinger battent tous les records

Pas facile de percer quand on est designer. Grâce à la technologie, Andrés Reisinger a sans doute trouvé le moyen de se faire sa place sans passer par la voie traditionnelle, faites de stages mal payés, de prototypages coûteux et d’âpres négociations avec les éditeurs et fabricants…

A la fois designer, graphiste et directeur artistique, Andrés Reisinger s’est fait connaître sur Instagram avec ses mises en scène irréelles et sublimes en trois dimensions. Mais cet Argentin est subitement devenu célèbre pour ses meubles virtuels, conçus non pas pour être fabriqués en série mais pour être utilisés par des avatars dans des univers purement numériques. Cela lui permet de laisser libre cours à son imagination débridée et d’inventer par exemple des canapés qui se gonflent et se dégonflent sans cesse, comme s’ils respiraient.

La semaine passée, il est parvenu à écouler dix de ses créations pour la somme record de 450 000 $ en dix minutes seulement, sur le site de Nifty Gateway. La pièce qui a atteint le plus haut prix est celle que le designer a promis d’élaborer avec le vainqueur de l’enchère (67 777 $ tout de même…). Les heureux propriétaires de ses créations peuvent désormais les utiliser dans des « métaverse », des univers virtuels persistants, comme Second Life ou Decentraland, un monde créé par ses utilisateurs. A l’avenir, ils pourront s’en servir dans des jeux video ou pour créer des animations ou films.

Être touché sans toucher

« Ce projet est extrêmement ambitieux », a confié Reisinger à nos confrères de Dezeen. « Je suis le premier à le faire mais j’espère que cela ouvrira la porte à beaucoup d’autres artistes et designers. C’est une voie nouvelle, complémentaire pour continuer de développer notre carrière et notre activité. Etre capable de vendre ses créations en ligne à une audience globale sans passer par une galerie permet à l’artiste de conserver une grosse partie des gains de la vente. » Pour autant, Andrés Reisinger ne se considère pas comme un designer virtuel et veut continuer à dessiner des projets matériels. « Nous autres designers devons adapter notre activité à une nouvelle ère hybride, où l’art et la culture sont libérés des contraintes spatiales et temporelles et les règles de l’expérience sont réécrites. Je veux montrer qu’il n’est plus nécessaire de toucher un objet pour être touché par lui. »

Andrés Reisinger prône un modèle hybride

Dans la vente, figurait également la chaise Hortensia, dont le rendu 3D avait rencontré un tel succès sur le compte Instagram d’Andrés Reisinger (près de 100 000 abonnés) qu’il a finalement décidé de la faire fabriquer IRL (In Real Life). Quatre autres créations seront elles aussi réalisées à l’avenir dont la Time Table au piètement fait d’un énorme globe rose, le sculptural banc Matsumoto ou la chaise de bureau ABBA, élaborée avec le designer catalan Isern Serra. D’autres de ses créations ne pourront en revanche jamais franchir cette étape, étant physiquement impossibles à fabriquer, comme ce meuble de rangement dont les tiroirs chromés sont en mouvement perpétuel.

Les acheteurs des meubles virtuels d’Andrés Reisinger détiennent un NFT (pour Non Fungible Token), nouveau système qui fonctionne selon le principe de la blockchain et qui permet de certifier l’authenticité des œuvres d’art… et ainsi de les revendre quand leur cote aura grimpé !

Virtuelle, la Pink Table s’est arrachée pour 5 000 €.
Virtuelle, la Pink Table s’est arrachée pour 5 000 €. Andres Reisinger
Contrairement aux meubles de la vente, le banc Matsumoto sera bientôt fabriqué.
Contrairement aux meubles de la vente, le banc Matsumoto sera bientôt fabriqué. Andres Reisinger
La Time Table d’Andrés Reisinger.
La Time Table d’Andrés Reisinger. Andres Reisinger