Quel est votre designer préféré ?
Ian Spalter : Spontanément, j’en citerais trois : les Eames et Dieter Rams, pour des raisons évidentes… bien que très différentes. Les Eames pour leur style et Rams car il a œuvré toute sa vie au service de la qualité des produits de Braun. Mais j’aime aussi le Bauhaus, notamment le jeu d’échecs de Josef Hartwig. C’est un exemple brillant de formes simples qui expriment leur fonction.
Et votre designer contemporain ?
Formafantasma [duo de créateurs hollandais spécialisé dans le travail de la lumière, NDLR]. J’adore leur travail, à la fois simple, fun et prospectif. Ils n’hésitent pas à montrer leur processus créatif et forcément, ça me plaît…
Quel événement vous a marqué à Milan ?
La collaboration entre Hay, Sonos et WeWork au Palazzo Clerici. Le mélange des époques, des matériaux, des textures, des couleurs… J’ai aussi aimé la façon de Hay d’aborder les objets du quotidien.
Etes-vous un habitué de Milan ?
Non, je l’ai découvert l’année dernière seulement car je viens du design graphique. J’en avais beaucoup entendu parler mais comme cet univers est un peu éloigné du digital, je n’étais jamais venu. J’ai été vraiment impressionné par cette célébration très intense de la créativité au sens large, une valeur qui nous tient à cœur chez Instagram. A mon retour, nous en avons beaucoup parlé avec mes équipes et nous avons voulu nous connecter à cette manifestation. Nous étions déjà présents bien sûr à travers tous les gens qui utilisent Instagram à Milan. Mais nous ne voulions pas promouvoir notre outil, plutôt accompagner cette manifestation. C’est pourquoi nous avons créé le compte @design et que nous avons choisi Milan, une ville où le design est partout, pour le lancer.
Quelle est la fonction de ce compte @design ?
C’est un compte auquel tout le monde peut s’abonner et qui est curaté par notre équipe de designers, pas le service marketing ni celui de la communication. C’est pour nous une façon de mettre en valeur les meilleures idées du design au sens large mais aussi les créateurs émergents. Nous voulons aussi utiliser ce compte pour montrer ce qu’est le design chez Instagram et les process que nous avons mis en place. Nous avons des employés qui font de la veille, d’autres qui recensent les problèmes rencontrés par les utilisateurs, des développeurs qui s’occupent de l’interface, des graphistes, des motion designers, des spécialistes de la 3D, de la réalité virtuelle…
Pouvez-vous nous donner des exemples récents du travail de votre équipe de designers ?
Le Superzoom, qui permet de faire des effets de grossissement sur ses stories, la possibilité de suivre des hashtags et plus seulement des personnes, les sondages… Mon travail quotidien consiste à identifier les problèmes de l’interface avec l’équipe chargée des recherches, puis de les résoudre avec les équipes de développement. Par exemple, comment rendre le recadrage d’une photo plus intuitif sans avoir recours à une autre application.
Où trouvez-vous l’inspiration ?
Dans la découverte de processus créatifs d’artistes, designers, graphistes… C’est quelque chose qui s’exprime à travers les stories où l’on peut découvrir les différentes étapes qui se cachent derrière une image parfaite.
Quand on parle de design, il existe de grosses différences culturelles entre l’Europe et les Etats-Unis. Comment avez-vous envisagé ces différences pour @design ?
Avec @design, nous voulons célébrer tous les types de design, sans distinction de pays ou de médium. Si vous étudiez la façon dont est créée une chaise, vous pouvez le faire en analysant les différentes phases de sa conception. Ca commence toujours par un croquis, un prototype… C’est ce type de processus que nous voulons mettre en avant, en l’abordant de façon globale, sans œillères.