L’hommage à Dieter Rams, pape du design moderne

Près de Bâle, le Vitra Schaudepot accueille une exposition qui passe en revue tout ce que l'Allemand Dieter Rams a légué au design moderne. Un héritage extraordinaire…

Philippe Starck, Ron Arad, Patricia Urquiola… Le design contemporain ne manque pas de chefs de file et de théoriciens mais nul ne possède l’aura de Dieter Rams. Né en 1932 à Wiesbaden (Allemagne), l’homme s’est d’abord formé à l’architecture et à la menuiserie avant d’être embauché par le fabricant d’électro-ménager Braun, où il est devenu dès 1955 « chef de la conception » (le mot de designer était encore un gros mot dans cette société d’ingénieurs…). Cela ne l’a pas empêché de développer en parallèle une collection de meubles, notamment pour le fabricant britannique Vitsoe. Plus encore que son électro-ménager, ce mobilier (étagères, tables, chaises…) exprime la quintessence du style Rams et le mode de vie qui en découle.

Système d’étagères 606 de Dieter Rams (Vitsoe).
Système d’étagères 606 de Dieter Rams (Vitsoe). Vitsoe

Pendant quarante ans, il supervise le dessin de tout ce qui sort de chez Braun, des rasoirs à la hi-fi. Dans les années 1970, il en profite pour codifier ce qu’il attend des concepteurs de produits et édicte des règles qui sont restées dans l’histoire comme les dix commandements du designer : « Le bon design est innovant », « Le bon design fait des produits utiles », « Le bon design crée des produits que l’on comprend immédiatement »…

 

La chaîne hi-fi SK55 dite « Snowwhite’s coffin », le cercueil de Blanche-Neige (Braun, 1965).
La chaîne hi-fi SK55 dite « Snowwhite’s coffin », le cercueil de Blanche-Neige (Braun, 1965). Andreas Satterlin

L’exposition, que lui consacre le Vitra Schaudepot prend à la lettre ces bons usages et les met en regard des objets dessinés par Rams durant sa carrière. Simplicité, honnêteté, intemporalité : ces trois valeurs cardinales de son travail traversent les salles d’exposition. Mais c’est surtout la dernière qui frappe le visiteur. Tous ces objets pourraient être contemporains. « Le bon design dure… Il évite les effets de mode et de ce fait ne paraît jamais suranné, disait Rams. Il peut être utilisé durant des années, même dans notre société moderne où l’on jette tout. »

Fauteuils 601 de Dieter Rams (Vitsoe, 1960).
Fauteuils 601 de Dieter Rams (Vitsoe, 1960). Photo Christoph Sagel Courtesy APPEL DESIGN GALLERY Berlin

Si Dieter Rams est devenu une icône, c’est que pour lui l’épure n’est jamais gratuite : elle se met au service de la durabilité, une valeur qu’il a instituée bien avant que ce mot ne soit sur les lèvres de tous les designers. L’exposition propose aussi une vidéo d’une interview exclusive qui revient en détails sur ce qu’il souhaite laisser à sa discipline. Son héritier le plus célèbre reste Jonathan Ive, le Britannique devenu chef du design d’Apple qui a appliqué tant sur les ordinateurs et smartphones que sur les logiciels de la marque à la pomme les principes chers à Rams.

> « Dieter Rams : Modular World », jusqu’au 12 mars 2017 au Vitra Schaudepot. Weil-am-Rhein (Allemagne).

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