Si dès le début des années 1900, avec l’essor de Hollywood, les « ciné-palaces » fleurissent à tout bout de champs à grand renfort de rideaux de velours et de décors riches voire carrément baroques, l’avénement du parlant en 1927 poussent les architectes à prendre en compte un nouveau paramètre : l’acoustique. Sortent alors de terre des salles de cinéma toujours aussi grandioses mais dans un autre style qui fait rage à l’époque, plus épuré et élégant, l’Art Déco. IDEAT a sélectionné en toute subjectivité ses 5 préférés.
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1 – L’Orinda Theater, le californien

L’Orinda Theater, ou quand l’Art Déco fait irruption en Californie. Bâti en 1941 dans la bourgade éponyme située à quelque pas d’Oakland, ce cinéma est le fruit d’une collaboration père et fils, Alexander Aimwell Cantin et Alexander MacKenzie Cantin. Ensemble, les deux architectes imaginent un bâtiment en forme de voile de bateau ornée de lettres néon. À l’intérieur, le spectacle est tout aussi éblouissant, grâce aux fresques qui habillent chacun des murs. Menacé de destruction dans les années 1980, il est finalement sauvé par un groupe de locaux passionnés par son histoire.
1 – Le Grand Rex, le cinéma légendaire

Il est sans doute l’un des lieux les plus emblématiques du cinéma. Derrière Le Grand Rex, inauguré le 8 décembre 1932, se cache Jacques Haïk, propriétaire de l’Olympia qui, continuant ses rêves de grandeur, entend bien construire un complexe de 2000 mètres carrés pouvant accueillir 5000 spectateurs. Une folie ambitieuse qu’il confie à l’architecte français Auguste Bluysen, assisté de son confrère d’outre-Atlantique John Eberson. En résulte un véritable melting pot Art Déco : la grande salle à la célèbre voute étoilée, clou du spectacle, s’inspire des villas de la Côte d’Azur, tout en reprenant le concept de salle « atmosphérique » si cher à l’Américain., qui donne l’impression d’assister à une projection à ciel ouvert sans en subir les inconvénients.
3 – Le Balzac, l’avant-gardiste

Construit et inauguré dans les années 1930, Le Balzac, installé sur les Champs-Elysées, a connu de nombreuses rénovations depuis ses débuts. Malgré ces nombreux travaux et son agrandissement, le cinéma parisien est parvenu à conserver son âme originelle empreinte du style Art Déco. Parfaitement ronde, la salle originelle conserve ses éléments de décor et son épais rideau rouge.
4 – Le Raj Mandir, voyage à Bollywood

Le Raj Mandir donne le ton depuis la rue. Sa façade reprenant les codes Art Déco made in USA est devenue un véritable point de repère dans la ville de Jaipur. Cinéma consacré aux films Bollywoodiens, il mêle influences locales et esthétique des années 30, malgré une construction plus tardive, au milieu des années 70. Mais la véritable surprise se trouve à l’intérieur : une architecture opulente où le bleu domine, donnant la sensation d’être entré dans un décor de film.
5 – Le Louxor, le dépaysant

Sa façade donne immédiatement le ton. Métro Barbès-Rochechouart, à Paris, s’élève un monument façon pastiche des temples d’Egypte antique. De l’iconographie au choix des coloris, cette œuvre architecturale sortie de terre en 1921, que l’on doit à Henri Zipcy, offre un étonnant mélange entre les influences Art Déco de l’époque et une certaine fascination pour le pays des pharaons. Et pourtant, ce cinéma à l’identité si emblématique a connu une histoire en pointillés. Placé en liquidation dès 1922, racheté par la Société des cinémas Lutétia quelques mois plus tard, revendu, avec le groupe, à Pathé en 1929 puis finalement transformé en boîte de nuit dans les années 80, où pendant un bref instant, entre 1987 et 1988, il accueille Megatown, alors la plus grande discothèque queer de la capitale. Après cette fermeture, le lieu connait trois décennies de passage à vide, laissé à l’abandon, frôlant de peu la disparition. Une pétition et un rachat par la Mairie de Parie, l’ont sauvé, et l’une des seules salles de la ville Lumière rescapée de la seconde guerre mondiale a pu rouvrir ses portes en 2013.