Au programme d’IDEAT spécial architecture N°23, plus de 200 pages d’inspirations et de tendances. En kiosque le 10 juin 2022.
- Kengo Kuma : entretien avec le plus discret des starchitectes
- Milan : Aldo Rossi, artiste majeur du XXe siècle à l’honneur au musée du Novecento
- Dietrich / Untertrifaller : l’agence autrichienne qui réveille le bois
- Francis Kéré : l’Afrique (enfin) récompensée par le Pritzker Price
- Kyoto : la maison de ville en bois, de la tradition à la modernité
- D’Anglet à Formentera : 4 projets domestiques ultra-contemporains
L’édito de Vanessa Chenaie, rédactrice en chef du magazine, à lire dans le hors-série IDEAT spécial architecture n°23
Le syndrome des Trois Petits Cochons, c’est fini !
Vivre dans un cocon en bois – qui ne s’envolera pas si le loup passe par là – est un fantasme fort répandu aujourd’hui. Outre le confort visuel, olfactif et assainissant du bois massif, tout le monde sait désormais que le bois est un atout majeur en matière d’écologie, car il stocke le CO2 là où le béton en produit !
Mais, aujourd’hui, bien que la France soit couverte à 30 % de forêts (ce qui représente 17 millions d’hectares et fait de notre pays la quatrième plus importante surface boisée sur le territoire européen après la Russie, la Suède, la Finlande et l’Espagne), elle possède si peu de filières de transformation qu’elle est incapable de se passer des importations (« 80 % de nos bois d’ingénierie sont importés », déclare Frédéric Carteret, président de l’Union des industriels et constructeurs bois ou UICB). En résumé, nous exportons notre matière première et importons des produits à forte valeur ajoutée – comme les panneaux, le mobilier, le carton ou le papier (d’ailleurs, celui sur lequel nous imprimons ce numéro a bien pris le chemin des écoliers !). Bref, en développant ces filières de transformation du bois, nous aurions une meilleure balance économique mais aussi carbone.
C’est pourquoi tous les professionnels, architectes, constructeurs et spécialistes de la filière bois, s’entendent pour dire qu’il faut, d’une part, encourager la demande en matériau bois dans les commandes publiques, valoriser la construction mixte, mettre le bois au bon endroit… et, d’autre part, valoriser les métiers du bois. Savez-vous qu’aujourd’hui, le métier le plus recherché de France est celui de charpentier ? Selon Pôle emploi, 83 % des entreprises du secteur peinent à recruter les bons profils et ce quelle que soit la région ! Voilà des professions qui ont été trop longtemps dévalorisées par l’État et par l’enseignement. Ce regain d’intérêt pour ce type d’experts existe jusqu’au Japon où le bois connaît un vrai retour en grâce.
Kengo Kuma, l’un des plus grands architectes au monde, dit ainsi dans l’entretien qu’il nous a accordé : « La seule présence du bois peut animer et activer son environnement. (…) Ce n’est pas un acte de nostalgie. J’envisage le bois comme un matériau qui peut résoudre un certain nombre de problèmes d’aujourd’hui et de demain. » Et le bois permet aussi de densifier plus facilement les villes, notamment par le biais de surélévations d’immeubles ou de constructions sur des dents creuses, des enjeux majeurs dans les métropoles françaises.
Quant à l’industrie du bâtiment, elle poursuit sa réforme. Certaines initiatives y contribuent, comme par exemple le prix international d’architecture bois, qui récompense un bâtiment exemplaire et innovant. Cette édition 2022 a couronné une tour de 75 mètres de hauteur, exempte de toute structure porteuse en béton, construite en Suède.
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