Au programme du hors-série IDEAT 24 spécial Architecture green, plus de 300 pages de portraits de designers et de projets architecturaux en faveur de l’environnement dans votre magazine, en kiosque dès le 9 novembre.
- Entretien avec l’architecte danoise Dorte Mandrup, tout juste distinguée par un Global Award for Sustainable Architecture, décerné par la Cité de l’architecture et du patrimoine.
- Archi culte : La rédaction est allée à la découverte de Jeju, une île sud-coréenne qui voit éclore, depuis une vingtaine d’années, des dizaines de bâtisses audacieuses qui tentent de dialoguer, en toute profondeur ou à bâtons rompus, avec la géographie volcanique.
- Design : IDEAT lance une nouvelle rubrique consacrée aux biomatériaux. Le journaliste Olivier Waché s’est, cette fois, penché sur Scale, un biomatériau 100% fabriqué avec des écailles de poissons qui surfe sur la protection des océans.
Pour cette nouvelle parution, la rédaction est également allée visiter la fameuse friche artistique POUSH. Cet « incubateur d’artistes » qui, après avoir occupé un immeuble de bureaux désaffecté à Clichy, s’est installé dans une ancienne usine de parfumerie à Aubervilliers, les établissements L.T. Piver. Cette friche industrielle découpée en ateliers et en un espace d’exposition offre à ses résidents une belle visibilité et aux habitants une sensibilisation à l’art contemporain.
L’agence d’architecture OMA (Rem Koolhaas) et son bureau interne de recherche et de design AMO inaugurent les premiers espaces de vente permanents de Jacquemus, le label de mode le plus hype du moment.
Dans un parc de quatre hectares, en périphérie de Bruxelles, se niche un pavillon de jardin au style contemporain. Conçue par l’architecte Bruno Erpicum, cette écoconstruction pensée pour s’intégrer parfaitement dans son environnement finit par disparaître du paysage pour mieux le célébrer.
L’édito de la rédactrice en chef d’IDEAT Vanessa Chenaie pour le Hors-série IDEAT 24 spécial Architecture green.
Pour prendre soin de quelque chose, il faut bien le connaître.
Quand l’architecte danoise Dorte Mandrup a préparé le concours du projet The Whale* (« La Baleine ») (notre couverture), il lui fallait comprendre le cycle du monde sous-marin que le centre est censé expliquer ; elle a donc fait appel à un biologiste marin. Avant de trouver sa vocation, celle qui vient d’être distinguée par un Global Award for Sustainable Architecture** a étudié la sculpture, la céramique et la médecine. Mais c’est l’architecture qui réunissait au mieux ses centres d’intérêt : l’art, les sciences naturelles et la sociologie. Son approche des lieux n’est-elle pas en effet intuitive, artistique, toujours et avant tout liée au contexte historique, culturel et économique ? Et n’est-ce pas ce qui explique ce sentiment de sidération qui nous étreint lorsque l’on regarde ses bâtiments, en majorité érigés sur des sites exceptionnels et protégés ? Ils sont dans un dialogue si évident avec la nature qu’ils finissent par en disparaître. Ils sont le contraire d’une amputation, ils révèlent le paysage.
La responsabilité des architectes, leur mission, a-t-on envie de dire aujourd’hui, est de savoir comment ménager la Terre et le bien-être des hommes. Raréfaction de tout, crises écologique et climatique ne sont plus des mots, ce sont des faits. Le constat selon lequel le bâtiment est le premier secteur émetteur de gaz à effet de serre dans le monde assigne ces maîtres d’œuvre à prendre position. En tenant compte des ressources, sur un territoire donné – ressources matérielles mais aussi immatérielles comme le sont les savoir-faire –, en faisant le choix du réemploi, toute la chaîne de la construction et de la promotion immobilière s’engage civiquement. Dorte Mandrup le dit : « L’une des choses les plus importantes pour moi est de ne jamais perdre mon intégrité. J’ai des opinions bien arrêtées sur ce à quoi je veux ou ne veux pas participer. Je crois fermement que nous avons toujours la possibilité de dire non » (p. 92).
Au-delà du témoignage et de la reconnaissance des valeurs politiques que porte l’architecte danoise, d’autres actualités soulignent une prise de conscience qui rassure. La création par exemple d’un campus éco-conçu pour former aux métiers du BTP – en y associant les questions de la transition énergétique –, bâti comme une vitrine des techniques qui y sont enseignées (p. 50), la réalisation de bâtiments emblématiques qui intègrent (voire brandissent) l’énergie solaire (p. 136), l’attribution de prix à la construction bois (p. 140) ou le succès des maisons passives (p. 152).
En prônant une architecture qui s’inscrit dans le cycle du vivant, plus en relation avec le temps et donc plus humaine, nous ne sommes plus si éloignés du sens premier « d’habiter » : se construire un abri, une cabane (p. 146). Il ne s’agit pas de retourner à l’âge de la bougie, mais de regarder, humblement, ce qui a déjà fait ses preuves. Notre reportage en Autriche, dans la région du Vorarlberg (p. 210), met en lumière une culture ancienne du bien bâtir et une utilisation des énergies propres dans une proportion bien supérieure à la moyenne. La nature, grandiose, dans ce territoire, a sans aucun doute constitué une motivation irremplaçable pour encourager les hommes à créer un nouveau modèle de société. Alors, pour savoir prendre soin de notre environnement, cultivons-nous.
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