Construit à l’occasion de l’Exposition Universelle de 1900 comme un monument dédié à la culture et aux savoir-faire, le Grand Palais n’avait jamais été rénové dans son ensemble depuis la décision d’André Malraux d’en faire une Galerie Nationale en 1966. Espaces inadaptés ou devenus insalubres… depuis, le site peinait à trouver le temps – et l’argent ! – pour faire face à l’immensité des travaux envisagés. Grâce au mécénat exclusif de Chanel, qui monte ses défilés Haute-Couture et Prêt-à-Porter sous la Nef depuis 2005, voilà qui est chose faite.
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La Nef, joyau du Grand Palais
La rénovation et la consolidation des espaces ont été confiées au studio Chatillon Architectes, qui collabore avec le GrandPalaisRmn et Universcience pour redonner une cohérence au site imaginé par le trio d’architectes Henri Deglane (le Grand Palais), Albert Louvet (partie centrale, dont le Salon d’Honneur) et Albert Thomas (Palais d’Antin).
Au cœur du bâtiment, la plus grande verrière d’Europe – 13 500 mètres carrés – est quasiment terminée. Les fuites d’eau dues aux intempéries survenues en pleine foire Art Basel au mois d’octobre ont été colmatées par des alpinistes, même si le lieu n’a pas vocation à devenir complètement hermétique. L’infiltration d’air extérieur permet par exemple d’éviter la condensation et le développement de moisissures. “ 450 000 mètres cubes d’espace seront d’ailleurs aménagés afin de pouvoir réguler la température”, explique François Chatillon, chargé du projet. Le double vitrage avec argon offrira également des propriétés isolantes importantes, mais ne comptez pas pour autant venir en t-shirt en hiver. “Le Grand Palais est un espace extérieur couvert. C’est comme si on demandait de chauffer la gare de Lyon !”, rappelle l’architecte.
Au sol, l’ancienne dalle grise des années 1960 devient corail, créant un contraste avec la structure métallique verte, évoquant au passage la terre sablonneuse du projet d’origine. Pensé pour accueillir des événements grand public comme une patinoire ou encore un carnaval, le nouvel espace élève la jauge de 5 500 à 9 000 personnes, notamment grâce à l’ajout d’ascenseurs et de sorties de secours. “Un tiers du budget a été consacré à la technique. Cela ne se voit pas forcément, et pourtant cela change tout !” s’amuse François Chatillon.
Entrer dans la lumière
La verrière, passée d’un verre translucide à réellement transparent, joue avec l’humeur du ciel depuis les années 2000. L’ouverture du champ visuel se prolonge désormais dans les galeries attenantes grâce à la suppression de partitions modernes, pour offrir une ligne d’horizon interrompue entre la Rotonde du Palais de la découverte et la Nef du Grand Palais, jusque vers le Petit Palais posté de l’autre côté de l’avenue Winston Churchill.
Le hall d’accueil engloutira aussi l’ancien auditorium du Palais de la découverte pour se doter d’une librairie-boutique, et du Réséda Café piloté par le chef étoilé Thierry Marx. Dans les assiettes, on pourra compter sur 85% de produits « locavores » et 80% des recettes qui respectent les objectifs d’empreinte carbone des accords de Paris 2030. La Rotonde du Palais de la découverte et son décor restauré serviront de nœud névralgique de circulation, tandis que le Salon Seine sera dédié à la détente et la convivialité.
À part la Nef, qui conserve son entrée distincte, le public venu profiter de l’offre culturelle, artistique et scientifique entrera via le square Jean Perrin, du côté des Champs-Elysées. L’accès aux nouveaux espaces et à une promenade centrale, gratuits, marquent également la volonté de l’institution de devenir un point de rendez-vous incontournable pour les touristes autant que les locaux.
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