Si l’on ne connaît que trop bien la table du chef, où le client est invité à dîner près du passe-plat, ou la cuisine ouverte, qui offre aux convives la possibilité d’être aux premières loges, un concept innovant invite à recevoir différemment. C’est le cas de Lago, dans le XIe arrondissement de Paris, ouvert en septembre 2022 par la cheffe Chloé Charles, passée par les tables Astrance, Agapé et Septime.
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Cuisine de laboratoire
« Ceci n’est pas un restaurant », peut-on lire sur la porte d’entrée de ce lieu entièrement privatisable et modulable où l’on accède… par la cuisine. « Cela a été dur à expliquer et, encore aujourd’hui, tout le monde ne comprend pas ce qu’on fait », ironise la cheffe.

Qui, fatiguée d’être toujours par monts et par vaux avec son équipe, au gré des événements, a créé ce laboratoire, « une base » dit-elle, où elle prépare ses prestations, dispose d’une chambre froide et propose un lieu de réception où la soirée peut commencer par un apéritif directement sur le plan de travail. Finalement, un ensemble de services où tout ressemble aux espaces de vie d’une maison.
« J’ai demandé au studio d’architecture et de design Bond Society de recréer un appartement avec une vraie cuisine de professionnel », se souvient-elle. Elle chérit cet endroit hybride qui lui permet « une grande liberté. Un restaurant, c’est difficile à fermer. Ici, je peux me permettre de bloquer un soir afin de me préparer correctement pour un événement. Je ne voulais pas être emprisonnée dans la restauration classique ».

Même constat pour Clémence Gommy, traiteur et fondatrice du studio culinaire Gomi Paris, qui vient d’ouvrir Host : « Un espace pensé pour accueillir, cuisiner et expérimenter. » Après une expérience du métier de restauratrice où la partie traiteur prenait beaucoup de place, l’évidence lui est venue d’un lieu sur mesure : « Nous avons imaginé cet espace de 140 m2 pour recevoir nos clients et nous permettre d’organiser des dégustations et d’imaginer de nouvelles expériences. Le site est à la fois sobre et design, pensé pour accueillir des collaborations créatives : pop-up, shootings, événements privés ou publics… L’idée était aussi d’ouvrir l’espace à une communauté plus large, au-delà de nos clients habituels. »
Espaces à vivre
Et de s’amuser ! Pour son premier dîner, Clémence lançait « Sit With Us », un dîner collaboratif où musique, art, design et cuisine s’entremêlaient pour une expérience immersive et pour montrer l’étendue des possibilités du concept.

Même direction pour le pâtissier Jeffrey Cagnes, qui ouvrait en 2025 son laboratoire à Levallois-Perret (92) avec une cuisine signée EBA. « J’avais envie de créer un lieu qui me ressemble, à la fois chaleureux, inspirant et ouvert, où je peux recevoir les gens, échanger et créer. »
Lui, s’imagine déjà, en pleine phase de test, inviter un passant à venir prendre un café et goûter une nouvelle création. « Je trouve ça génial ! J’ai besoin d’avoir un retour immédiat, c’est naturel et important. Ça rend l’expérience plus humaine », s’enthousiasme-t-il.
Sans oublier les ateliers cuisine qui seront ouverts à la réservation et les opportunités que lui offre cette nouvelle adresse, accolée à sa boutique. Ateliers, dégustations, mais surtout « lieu d’échange et de rencontres ».

Autres indicateurs attestant de cette même volonté : les épiceries hybrides – comme Provisions à Marseille, où l’on vient déjeuner, acheter des produits locaux mais que l’on peut également privatiser -, qui font des petits.
Iris Danesi et Lidwine Faure, toutes deux traiteurs, préparent l’ouverture de L’Amuse Bouche, à Bordeaux, pour la rentrée. Et elles comptent bien secouer les codes : « Avoir un endroit qui n’entre pas dans une case, où l’on peut rassembler plusieurs activités, cuisiner pour un événement, recevoir un anniversaire, s’y attabler façon restaurant. Un lieu comme chez nous, où règnent le partage, la convivialité et, surtout, la liberté ! »
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