Le 27 avril a débuté le 62e Salon de Montrouge (Hauts-de-Seine) qui, comme tous les ans depuis 1955, fait découvrir des artistes contemporains émergents. Pendant un mois, l’espace du Beffroi va bourdonner d’avis en tout genre – éloges ou critiques – qu’elles viennent des spécialistes de l’art contemporain ou des simples amateurs venus scruter les œuvres du Salon avec une sorte de gourmandise, à l’affût de potentielles pépites.
53 artistes choisis avec soin sont présentés cette année sous la direction artistique d’Ami Barak et Marie Gautier, les commissaires d’exposition déjà sollicités par le Salon en 2016. 53 artistes, c’est autant de visions du monde contemporain qui se répondent, s’affrontent ou se complètent dans une scénographie signée Rémy Fischler et Vincent Le Bourdon. Cette mise en espace aérée a l’avantage de mettre en valeur chaque œuvre tout en la rattachant à un ensemble, selon la logique voulue par Ami Barak et Marie Gautier. « Les commissaires ont défini quatre chapitres. La scénographie va être un véhicule pour créer le dialogue entre les œuvres d’un même chapitre, mais aussi entre les œuvres de chapitres différents », plaident les scénographes.
Dans une exposition qui se veut narrative, les travaux des artistes se déclinent donc selon quatre thématiques liées à quatre tendances lourdes de la création contemporaine. « Élevage de poussières » répond à la question de la matérialité de l’œuvre, question notamment posée par la Brésilienne Manoela Medeiros avec Ruines, dont la surface rugueuse animée par des contrastes de couleurs semble marquée par le travail du temps. Dans la partie « Laboratoire des formes », on est marqué par Between two stools, des sculptures minimalistes de Cat Fenwick qui confrontent matières et formes antagonistes.
En évoluant dans l’exposition, on découvre le chapitre « Récits muets » qui, des pages de livre annotées de Laurence Cathala aux post-its colorés de Mathilde Chenin, déroule ses singulières lectures du monde. « Fiction des possibles » met, lui, en avant des œuvres où réalité et fiction se mêlent : les mystérieuses peintures Et la montagne était un sphinx et Le Bouillon fumant de Ségolène Haehnsen Kan constituent autant de visions envoûtantes et surréalistes.
Au-delà des considérations formelles ou conceptuelles, le questionnement sur le monde et ses dérèglements est central. Dans la série Bed Works, les crayons de couleur de Soufiane Ababri dessinent la réalité quotidienne de l’artiste qui revendique audacieusement une liberté tant politique qu’érotique. Dans un autre registre, la vidéo Speech de Laura Huertas Millán rassemble des fragments de discours d’actrices qui demandent plus de reconnaissance dans le milieu très masculin du cinéma.
Toutes les propositions ont été examinées par un jury présidé par le directeur du Musée National d’Art Moderne Bernard Blistène. Le Grand Prix 2017 a été décerné cette année à Marianne Mispelaëre qui a remporté la possibilité d’exposer au Palais de Tokyo en 2018.
Centre culturel Le Beffroi. 2, place Emile-Cresp, 92120 Montrouge.
Jusqu’au 24 mai, 7 j/7 de 12 h à 19 h.