Des trésors patrimoniaux à l’avenir incertain
À la différence de Mexico ou de Saint-Domingue, le patrimoine moderne de La Havane n’a pas été modifié. Rien ou presque n’a été détruit, mais probablement plus par manque d’argent que par une quelconque conviction de la part des autorités. Quelques maisons et villas ont certes été magnifiquement restaurées pour devenir des sièges d’entreprise, des ambassades ou des résidences diplomatiques, mais la plupart des édifices ont été profondément endommagés et fragilisés par plus de cinquante années d’immobilisme.
Et, si les monuments coloniaux de la Habana Vieja font l’objet de mesures de protection et de réhabilitation, financées par les recettes touristiques, les vestiges du mouvement moderne cubain n’ont pas cette chance : « Les autorités, jusqu’à maintenant, n’en ont pas vraiment mesuré la grande valeur patrimoniale, regrette Rita María Hernández Gonzalo. Certains sites (les écoles d’art, l’hôtel Habana Riviera…) sont classés monuments nationaux. Des zones sont protégées, comme la 23e Rue ou la 5e Avenue. Mais il n’existe même pas de registre officiel des bâtiments les plus remarquables. » Pourtant, elle garde espoir : « La sensibilisation des institutions avance doucement et on peut compter sur l’action de plusieurs responsables officiels influents, à commencer par Eusebio Leal Spengler, l’historien de la ville, qui est déjà à l’origine de la sauvegarde de la Habana Vieja. » En attendant, les vieilles voitures américaines mille fois repeintes roulent encore dans les rues cabossées de La Havane et les bâtisses des années 50 tiennent toujours debout. Elles survivent miraculeusement aux ravages du temps et au passage des ouragans… mais jusqu’à quand ?