A La Havane, tours avant-gardistes et villas aux courbes sensuelles
Le Vedado abrite en outre plusieurs tours résolument avant-gardistes : l’actuel ministère de la Santé (ex-Retiro Odontológico) et l’immeuble Seguro Médico, tous deux signés Antonio Quintana ; le bâtiment Partagas, des frères Max et Enrique Borges Recio ; ou encore le Focsa, impressionnant ouvrage en béton armé d’Ernesto Gómez Sampera et de l’Espagnol Martín Domínguez Esteban, l’un des premiers et des plus hauts gratte-ciel de Cuba (121 mètres), abritant près de 400 appartements.
Le modernisme cubain a été décliné à La Havane dans plusieurs centaines d’immeubles d’habitation, de villas somptueuses et de maisons plus modestes, aujourd’hui reconnus pour l’audace de leurs lignes et la qualité de leur construction. On y retrouve partout les mêmes matériaux : le béton, la brique, le verre, le bois et le métal.
Sous ce latitudes, la maîtrise de la lumière, de la chaleur et de l’espace est assurée par des patios, des pilotis, des galeries, des passages couverts, des jalousies, des persiennes orientables ou encore des passerelles visuelles entre l’intérieur et les jardins…
La résidence des sœurs Olga et Isabel Pérez Farfante, conçue par Frank Martinez, en est un exemple significatif : construite sur pilotis au bord d’une falaise, elle possède deux appartements jumeaux reliés par un escalier suspendu. Les persiennes de part et d’autre du salon peuvent s’ouvrir complètement sur le paysage verdoyant, renforçant l’effet de transparence et offrant une ventilation transversale optimale.
D’autres villas des années 50 se distinguent par leur configuration. Celle d’Eugenio Leal, influencée par Oscar Niemeyer, joue sur le contraste entre la voûte de l’entrée et l’horizontalité du bâtiment. Celle de Timothy James Ennis, signée Ricardo Porro, affiche des courbes sensuelles et des représentations d’organes sexuels.
Enrique Borges, quant à lui, a dessiné sa propre maison en conciliant une base rationaliste et des idées innovantes : une allée sous canopée, des avant-toits géométriques… Les façades se permettent aussi quelques audaces : des jalousies symétriques en brique (sur l’immeuble d’Orlando Cárdenas, conçu par Evelio Piña), des balcons asymétriques (sur celui d’Ildefonsa Someillan, réalisé par Max Borges Recio), des terrasses continues et superposées (pour la villa Almar d’Antonio Boada)…