La galerie Lamia Bousnina rend hommage à Carthage

Titre manifeste de l’exposition inaugurale de la galerie Lamia Bousnina, située à Tunis, « Carthagisme » traduit, via l’art contemporain, la richesse créative héritée de la cité antique de Carthage.

Au-delà de la commission de pièces, « Carthagisme » est un point de rencontre entre Orient et Occident, passé et présent, art et design. « Un catalyseur de changement, une plateforme qui suscite le dialogue », avancent Nicolas Bellavance-Lecompte, curateur de l’exposition, et Lamia Bousnina, collectionneuse, mécène et fondatrice de la galerie du même nom.


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Hybridation orientale

Cette célébration et revitalisation de la culture tunisienne se lit au travers du travail croisé d’artisans locaux et de designers internationaux. L’enjeu est artistique certes, mais également économique et social – la Tunisie compte 350 000 artisans, principalement des femmes, qui jouent un rôle crucial dans le développement régional, en particulier dans les zones marginalisées.

Les pièces de mobilier en bois de palmier du Libanais Georges Mohasseb.
Les pièces de mobilier en bois de palmier du Libanais Georges Mohasseb. dsl studio

Il est important de souligner qu’ici, a contrario des collaborations designers et artisans qui ont tendance à se multiplier, aucun des artistes invités par Nicolas Bellavance-Lecompte et Lamia Bousnina n’appartient à la sphère occidentale. En partageant ses techniques et ses matériaux de prédilection, chacun est sorti de sa zone de confort : le Libanais Georges Mohasseb a travaillé le bois de palmier avec Kais Gharbya, à Tozeur.

Ode à l’artisanat

Les Palestiniens Elias et Yousef Anastas se sont appuyés sur l’assemblage de pierres avec l’entreprise MDO, basée à Ben Arous. La Libanaise Mary-Lynn Massoud a cuit ses céramiques dans des carrières de sable aux côtés d’Ali Kadher, dans la région de Gafsa.

Vue de l’exposition « Carthagisme » à la galerie Lamia Bousnina.
Vue de l’exposition « Carthagisme » à la galerie Lamia Bousnina. dsl studio

La tapisserie allégorique – aux résonances on ne peut plus actuelles – de Louis Barthélemy a été confectionnée par Nejib Belhaj et un collectif de brodeuses installées dans la ville côtière de Mahdia. Les kilims de l’Américain vivant en Colombie, Chris Wolston, sont le fruit de la libre interprétation d’un dessin numérique par les tisserandes de la région du Kef.

Très jolies découvertes enfin, à l’étage, les pièces de la designeuse tunisienne Myriam Naili pour Amber Hands réalisées, elles aussi, par des artisans locaux.

> « Carthagisme ». À la Lamia Bousnina Gallery, Tunis, jusqu’au 29 septembre. @lamiabousnigallery


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