La Casa Bugambilias : entre rigueur architecturale et poésie florale

Au cœur de la capitale du Yucatán, la « Casa Bugambilias », bien que de style brutaliste, se pare de rose tendre, en hommage à la fleur de bougainvillier à qui elle doit son nom.

Salvador « Chava » Román Hernández, 34 ans, et sa femme Adela élèvent Luca, leur fils âgé de 1 an dans une maison de style brutaliste conçue par le Taller Mexicano de Arquitectura (TAMA), co-fondé par Chava. « Le travail de notre studio a toujours suivi cette tendance », explique l’architecte, qui envisage son habitation comme un refuge.


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Brutalisme poétique

Si, à certains endroits, le lieu de 263 m² s’ouvre sur l’extérieur, ses fenêtres et sa façade en treillis de béton permettent de voir sans être vu. Le choix du béton, matériau phare de Chava, s’inscrit dans une vision d’évolution et de durabilité. « Ses éventuelles cicatrices confèrent du caractère au bâtiment », précise-t-il.

Pas question pour autant de bâtir un bunker, l’esthétique de la façade revêtant une importance particulière. L’architecte a ainsi conçu un grand monolithe de béton rouge, un choix qui permet à la construction de jouer avec la lumière, se décolorant en rose au fil du temps, sous l’effet du soleil et de la pluie.

Le béton de la façade, créé sur mesure, est une réinterprétation des murs en treillis, typiques des entrepôts industriels. La différence réside dans leur orientation, les parpaings préfabriqués ayant été placés à 90 degrés, permettant ainsi de diriger le flux d’air vers le patio de la cour intérieure. Une configuration qui permet également de générer des ombres graphiques, dont le tracé évolue au fil de la journée.

Dans le patio, des portes vitrées coulissantes offrent une transition fluide entre l’intérieur et l’extérieur. Le jardin, dans lequel de grands arbres ont été plantés, à l’instar du tour de la piscine et de la cour intérieure, apporte une ambiance sereine et harmonieuse. Dans la maison, le bien-être de la famille est en partie lié à cette sensation d’être en connexion avec l’environnement naturel alentour. « Notre objectif était de concevoir un premier étage épuré, en liaison avec les extérieurs, mais aussi ventilé et éclairé naturellement, comme partout dans notre résidence », détaille Chava.

Refuge sculpté

La maison allie fonctionnalité et esthétique, avec un béton teinté de rose au deuxième étage et de gris au premier, mis en valeur par des poutres apparentes en ciment, qui soulignent l’ossature de la construction. Le rez-de-chaussée abrite les espaces de vie et de services, connectés à la terrasse et à l’arrière-cour. « Nous avons conçu la cuisine et la salle à manger comme une grande terrasse où il fait bon vivre, à proximité de la piscine et du jardin », poursuit Chava. Un aménagement ingénieux, qui permet à la fois de recevoir confortablement et de s’isoler en cas de pluie.

La transition entre la façade extérieure et l’espace intérieur est marquée par une gradation des couleurs, allant du rouge au gris, sur les murs. En opposition à ces éléments bruts, l’élégance du salon meublé de pièces scandinaves aux contours plus doux. « Nous voulions une maison fonctionnelle mais originale, différente », admet l’architecte, dont les choix en matière d’éclairage, de matériaux et de conception de l’espace ont permis de rendre la maison si singulière. Tout comme les objets de décoration, les céramiques et les œuvres d’art sélectionnés ou les étagères dessinées par l’architecte.

Quant à l’escalier menant aux chambres et au bureau de l’étage supérieur, il se révèle sculptural. Les finitions des murs, réalisées avec un enduit à base de calcaire et de résine d’arbres chukum – de la région du Yucatán –, témoignent d’une attention particulière aux détails et à l’authenticité des matériaux.

Avec sa paroi vitrée, le bureau laisse pénétrer la lumière et offre une vue imprenable sur la cour intérieure verdoyante située en contrebas, tout comme les chambres. « Nous avons le plaisir d’inviter beaucoup de monde, notre maison se devait donc d’être accueillante. En effet, la sociabilité est une valeur profondément ancrée au Mexique », conclut Chava.


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