L’utopie selon Vincent Meessen
Un labyrinthe de briques en terre cuite avec vue sur le Millennium Park. A priori inoffensive, l’installation SIISIS, de Vincent Meessen, a été développée en 2016 en réponse à l’Internationale situationniste (1957-1972), qui projetait de construire une ville expérimentale sur une île déserte. L’artiste imagine sa cité comme un lieu occupé et géré par des demandeurs d’asile, qui serait accessible à tous (à l’exception des politiques), à condition d’adhérer à une série de propositions sur une citoyenneté afro-européenne. Une œuvre engagée, qui donne à réfléchir sans rien asséner, dans laquelle on peut se perdre ou, au contraire, se retrouver et qui cohabite, au sein du Cultural Center, avec une œuvre de Theaster Gates, figure locale et mondiale de l’art contemporain.
Jeanne Gang, reine de Chicago
Avec ses balcons aux courbes élégantes, l’Aqua Tower semble vibrer au milieu des tours de Chicago, où elle a rapidement trouvé sa place. Imaginée par l’architecte locale Jeanne Gang, elle voisine désormais avec une autre de ses réalisations, la Vista Tower, qui sera inaugurée l’an prochain. Ce gratte-ciel résidentiel de 101 étages, qui sera le troisième plus haut de la ville, associera appartements et hôtel et offrira, selon l’architecte, « la plus belle vue de Chicago ». Elle l’a imaginé comme un empilement de pyramides tronquées, conférant à cet ensemble de quatre tours entremêlées un aspect d’accordéon obtenu par un effet d’optique (en réalité, tous les panneaux de verre sont plats).
Comme pour chacun des projets de Jeanne Gang, l’ingénierie a guidé ce chantier. « Je sais que le verre est aujourd’hui décrié (le maire de New York, Bill de Blasio, a demandé à ce que ce matériau soit interdit dans les nouveaux chantiers de construction de la ville, NDLR), mais, aujourd’hui, ce que l’on perçoit comme du verre est en fait un matériau beaucoup plus complexe, très innovant, un composite qui évolue en fonction de la météo et que nous avons développé avec une compagnie allemande », précise l’architecte.
Sweet Water Foundation, un acteur dans la ville
En juillet, la Sweet Water Foundation, qui œuvre à « ré-enraciner » les populations locales en les engageant dans des projets de développement et redonne vie à des espaces vacants dans le South Side, à Chicago, a planté une ossature en bois sur un terrain où elle accueille les habitants du quartier. Le temps de la biennale, cette structure baptisée Re-Rooting + Redux a emménagé dans le Cultural Center. Elle y présente à un public averti les actions de la fondation ainsi qu’une exposition sur l’histoire de l’architecture et de l’habitat dans le South Side.
L’institution sera également présente à la Graham Foundation à travers une collaboration pour l’installation « Unraveling Modern Living », créée par l’agence d’architecture Tatiana Bilbao Estudio en partenariat avec la biennale. Forte de son savoir-faire dans la construction, la Sweet Water Foundation a développé des modules en contreplaqué qui s’assemblent comme des puzzles et forment des tables, étagères ou fauteuils pouvant passer d’un usage à l’autre très simplement.