Installée à Paris, Victoria Magniant est une jeune femme de son temps, mais surtout une personne positive. La théorie l’intéresse, mais le concret la passionne. Notamment ce qui se cache derrière la pièce finie ou, plutôt, ce qui l’engendre. Parallèlement à cette quête, la créatrice se dit préoccupée par l’avenir de notre planète, celui de notre culture. Elle avait déjà développé, au milieu des années 2000, une ligne de vêtements bio pour bébés, baptisée « Victoria Christmas ». Elle a donc poursuivi dans cette voie et notamment cette année avec la suspension à LED Senki, en laiton et verre borosilicate soufflé par son maître verrier, Wilfried Allyn. Elle l’a présentée chez Sarah Myerscough au dernier PAD de Londres – la galeriste y a remporté le prix du Stand et celui du Design contemporain. Même démarche avec la coiffeuse Daiku et la gamme de couleurs à l’eau et de vernis mats écologiques « Éco-colorama », qu’elle a spécialement réalisée pour la ligne « Daiku » et élaborée avec la maison Laverdure & Fils.
Faisant rimer écologie, artisanat numérique et haute technologie, « mes créations ne constituent pas une collection, dit-elle, mais sont plutôt le fruit d’un travail de commande. C’est ainsi que je fonctionne, au gré des rencontres, du contexte. Il est important que les choses ne s’arrêtent pas là, qu’il y ait un suivi, une fidélité, une vie après. » C’est donc dans une vision très humaniste de son travail que Victoria Magniant entend renouer avec l’artisanat, « un savoir-faire irremplaçable dans une économie bouleversée », analyse-t-elle. Pour rendre cette philosophie concrète, elle se tourne vers des entreprises qui possèdent des machines à commande numérique, réalisant ainsi des pièces d’une extrême précision à des coûts très sages. Autre atout, leur mode de fonctionnement écologique, la plupart à l’énergie solaire.
Ce qui passionne cette jeune femme en quête de « systèmes alternatifs de production viable qui répondent à des exigences durables et sociales », c’est donc d’expérimenter, voir si les concepts engendrent un résultat tangible. Son travail s’inscrit ainsi davantage dans une démarche de fond, proche de la culture « maker » (mouvement mêlant le do it yourself et la création collégiale), que dans la pure création théorique isolée. « Lorsque j’ai travaillé pour la société de mon père, Casa Lopez (éditeur de tapis et de mobilier, NDLR), je me suis trouvée confrontée au monde des affaires à l’échelle internationale, reprend-elle, et particulièrement aux dilemmes engendrés par la mondialisation, voyant en Europe les usines et les manufactures fermer les unes après les autres. Depuis, cela me hante. Il est temps de revenir à des modes de fabrication plus simples, plus raisonnables et plus humains. »
Après un diplôme en graphisme obtenu en 2002 au Central Saint Martins College of Art and Design, à Londres, Victoria Magniant devient photographe et enchaîne les collaborations (Ange Leccia, Hélène Paris…). Un temps assistante photo aux Daylight Studios à Paris, où elle travaille avec la grande Sarah Moon, elle poursuit sa carrière avec le magazine Jalouse et assure la direction artistique de plusieurs marques de luxe, dont Casa Lopez. En 2015, ses appliques Phosphine (Meso 6, Meso 24 et Micro 23), de la collection « Cosmogonie », lui apportent une double consécration : le prix Les Découvertes de Maison & Objet et le Label VIA. Deux ans plus tard, elle ouvre sa galerie dans l’un des plus beaux passages de Paris, à deux pas de la place des Victoires, et lance la ligne « Daiku ». On la suivra avec attention au prochain salon Collectible, à Bruxelles, en mars 2020…
> Galerie V. 39-41, galerie Vivienne, 75002 Paris. Tél. : 01 46 26 28 84. Galeriev.fr