Marine Gargon est tout en percutante vivacité. Son bac scientifique aurait pu la mener vers la biologie. Mais, pour celle qui s’intéressait au graphisme et au design, le mélange est un atout. L’écouter donne l’impression de parler à une pro. Une impression qui s’accentue quand elle évoque l’état du design ambiant. Elle décrit des designers devenus « connecteurs », à la croisée de disciplines différentes, et qui s’autoproduisent pour certains, se préoccupant de l’impact de leurs créations. On croirait entendre, au mot près, son aîné Christophe Delcourt.
Cette jeune designer n’est pas de la génération supposée rester plantée devant son écran d’ordinateur. Dans l’élaboration d’un projet, le ressenti – aussi bien de l’objet que de l’espace – lui importe beaucoup. Comme s’il fallait faire travailler autant ses capteurs sensoriels que ses méninges. À la Design Parade de Toulon 2016, son projet Hélios était une pièce à vivre sur le thème de la Méditerranée. Elle s’est focalisée sur l’idée de l’astre du jour. « Au fil de la journée, le soleil est autant vu que ressenti. On s’y expose ou on s’en protège. On l’éprouve plus physiquement que visuellement. Je me suis penchée sur cette seule perception physique, à l’ombre d’une cannisse », explique-t-elle.
C’est une pièce de farniente en flottement. L’assise n’impose pas une seule position du corps. Pour la cannisse, la designer a sollicité la Coopérative Vannerie de Villaines, en Indre-et-Loire. Comme les neuf autres participants sélectionnés par le jury du concours de jeunes architectes d’intérieur, elle était en situation professionnelle. Après avoir conçu, il lui fallait faire exister. À cet égard, Marine Gargon parle de « mystification », considérant certains aspects trompeurs du métier de designer comme un écueil pour qui débute. Et, à cet instant précis, Marine Gargon donne la forte impression d’avoir capté beaucoup de choses.