Léonard Kadid qualifie son travail d’expérimental. Cela ne l’empêche pas de collaborer avec un nombre grandissant d’éditeurs, attirés par son dessin technique et son sens du détail et des finitions. Au cours de ses études à l’École Polytechnique Fédérale de Lausanne en Suisse puis à l’École d’Architecture de la Ville et des Territoires à Paris, il prend conscience de la complémentarité entre les deux voies qui s’offrent à lui : le design d’espace et celui de produit… et décide de les embrasser toutes les deux !
Une curiosité pour le voyage
Après ses études, le jeune architecte travaille dans des agences internationales de renom tels que Herzog & de Meuron et Caesar Zumthor à Bâle. Au sein de ces studios, Kadid côtoie des collaborateurs qui viennent du monde entier et cela fait émerger chez lui une curiosité pour le voyage, qui est aujourd’hui sa principale source d’inspiration.
Sa lampe Möja (Leibal, 2017) tire ainsi son nom d’une île de l’archipel de Stockholm. Elle met en valeur les qualités plastiques de son matériau, le béton renforcé de fibre de verre. Ses deux éléments se lient de différentes manières, en fonction des besoins de l’usager, par une série d’aimants. Une mise en œuvre d’une grande justesse…
La genèse de la chaise Pier (Resident, 2020) remonte elle aussi à un séjour, cette fois aux Etats-Unis. A Santa Monica (Californie), Leonard Kadid remarque les poteaux soutenant les jetées qui s’avancent au milieu de l’océan. La résistance au temps et au climat de ces éléments cylindriques bluffe le designer. A son retour en France, il dessine une chaise dont la piètement singe ces poteaux et se veut aussi durable, en termes de solidité comme d’esthétique.
Léonard Kadid : « Tout se jouait au millimètre »
Réalisée entièrement en chêne massif, la Pier fait l’objet d’une réflexion approfondie sur l’assemblage. « Ce fut un énorme travail d’expérimentation et de précision. Tout se jouait au millimètre », confie le designer à IDEAT. Léonard Kadid est fier de l’intemporalité de cette assise sans compromis – ni sur le dessin, ni sur le choix du matériau.
En raison de la pandémie, la collection « Pier » n’a pas été exposée, comme c’était prévu, au salon de Milan 2020. Léonard Kadid déplore ne pas avoir pu « permettre aux usagers de ressentir le confort de la chaise et de percevoir la délicatesse des détails d’assemblage ». Rendez-vous pour la prochaine édition… qui pourrait n’avoir lieu qu’en septembre 2021 !
La chaise Tal (2020, Kann Design) est une autre illustration de la passion de Leonard Kadid pour les techniques d’assemblage. Elle utilise en effet deux profilés métalliques en T qui soutiennent et de lient les différents éléments de l’assise. Le designer confie à IDEAT que ce principe de construction sera bientôt décliné dans d’autres typologies. « Je l’avais déjà utilisé il y a quelques années pour des tables d’une exposition au Pavillon de l’Arsenal et je voulais vraiment le développer à plus grande échelle. »
Malgré ses nombreux projets de mobilier, Léonard Kadid ne délaisse pas pour autant l’architecture. Il a ainsi récemment dessiné un pavillon pour l’événement Swissbau à Bâle. Ce bâtiment de 100 m2 sublime la matière qui la constitue, la mousse d’aluminium, grâce au travail sur la verticalité, l’horizontalité, la hauteur et la mise en lumière.
Mais cet automne, Léonard Kadid est mobilisé sur d’autres fronts : une maison en Grèce qui met en valeur le béton, un appartement parisien qui exploite une hauteur sous plafond de 4 mètres, et un projet de lampe de table en aluminium massif. Des défis à différentes échelles mais qui conservent comme fil rouge une sensibilité aux matériaux et un vocabulaire formel qui prône la durabilité.
> Studio Léonard Kadid. 91, rue de la Roquette, 75011 Paris.