En 1994, après dix ans passés à Jouy-en-Josas (Yvelines), la Fondation Cartier pour l’art contemporain inaugurait un site de verre et d’acier à Paris, imaginé par Jean Nouvel. L’institution s’apprête désormais à quitter le Boulevard Raspail (14e arrondissement) au profit de la place du Palais-Royal, située en plein cœur de la capitale, et rappelle l’architecte français pour piloter la réfection d’une bâtisse historique.
À lire aussi : Aquarela, une roche végétalisée imaginée par Jean Nouvel
Jean Nouvel pour une architecture avant-gardiste
« Nous avons travaillé avec des spécialistes de porte-avions pour pouvoir proposer une architecture modulable, au service de l’art. Dans un musée, l’espace doit s’adapter aux œuvres et non l’inverse », explique Jean Nouvel lors de la visite du chantier. Cette manière atypique de penser l’architecture aura un impact direct sur la création d’œuvres exposées. Le bâtiment offre en effet une verticalité pouvant aller jusqu’à 11 mètres de hauteur, permettant d’y placer des installations monumentales d’ordinaire réservées aux espaces extérieurs.
En plus d’un restaurant et d’une librairie, 6 500 mètres carrés sont réservés aux expositions, soit cinq fois plus d’espace qu’au sein de la précédente adresse, boulevard Raspail. Cinq plateformes mobiles se déploient également sur 1 200 mètres carrés, capables de modifier l’agencement des salles à l’envie, en fonction des événements. De nombreux puits de lumière et un système de panneaux amovibles devraient aussi permettre de passer du grand jour au noir total.
Si l’agencement de l’espace a entièrement été repensé, peu de choses semblent avoir changé de l’extérieur. Inauguré en 1855, le bâtiment situé place du Palais-Royal (1er arrondissement), entre les rue Saint-Honoré et Rivoli s’inscrit dans la politique d’urbanisation lancée par l’empereur Napoléon III. D’abord Grand Hôtel du Louvre, le lieu accueille le Louvre des Antiquaires à partir de 1978. Jean Nouvel conserve la façade haussmannienne du Monument Historique, la dotant l’espace de grandes baies vitrées pour offrir de nouvelles perspectives sur la rue.
Les artistes au cœur du projet de la Fondation Cartier
Du boulevard Raspail à la place du Palais-Royal, la vision architecturale de Jean Nouvel est en lien direct avec la mission de la Fondation Cartier : inviter les passants à franchir les murs d’une institution d’art contemporain, tout en offrant aux artistes la possibilité de créer des propositions aussi variées que possible. La programmation du site reflètera cette envie de diversité, portée sur le fond autant que sur la forme.
Pour Alain Dominique Perrin – qui a créé la Fondation en octobre 1984 alors qu’il était Président de Cartier International -, qui vient de fêter 82 printemps, le rôle de l’art contemporain comme miroir de la société a toujours été primordial. Il se devait donc d’offrir une plateforme capable de montrer et de stimuler la création sous toutes ses formes.
Pour y arriver, il a recours à un modèle simple et redoutablement efficace. « Dès le départ, nous voulions mêler des artistes établis aux jeunes créateurs. Au-delà de la richesse des propositions, nous avons pu nous appuyer sur la notoriété des premiers pour faire la lumière sur les seconds, et ainsi offrir des réflexions variées », détaille l’ancien vice-président du groupe Richemont. Affaire à suivre.
> La Fondation Cartier déménagera pour de bon fin 2025, et présentera une sélection d‘œuvres tirées de sa collection de 4500 œuvres, signées de plus de 500 artistes. Plus d’informations ici.
À lire aussi : Jean Nouvel : « Les Jeux Olympiques doivent enrichir la ville »