Quelles sont vos principales sources d’inspiration ?
Vo Trong Nghia : Elles viennent de la méditation et prennent naissance dans le respect des cinq préceptes de l’éthique bouddhiste, à savoir : s’abstenir de tuer toute créature vivante, ne pas voler, ne pas commettre d’inconduite sexuelle, ne pas mentir et, enfin, ne pas consommer de substances altérant l’esprit (drogue ou alcool). La pratique de la méditation nous aide à purifier notre esprit, à réduire le stress, à mieux nous concentrer et à travailler plus efficacement. L’architecte qui m’inspire le plus est celui qui fut mon professeur, Naito Hiroshi, rencontré à l’Université de Tokyo. Tadao Ando et Norman Foster m’ont aussi beaucoup influencé.
Quel est le plus grand défi auquel l’architecture doit faire face aujourd’hui ?
Premièrement, le hiatus entre le désir des clients de faire construire des bâtiments peu chers, rapidement, et notre souhait, en tant qu’architectes, d’édifier des projets qui durent des centaines années : c’est un défi immense. Deuxièmement, pour respecter notre planète, les constructions ne doivent pas induire la destruction de l’environnement et le changement climatique : comment être en harmonie avec la nature, c’est là aussi un enjeu de taille.
Comment avez-vous vécu la crise sanitaire, Vo Trong Nghia ?
Je suis allé au Myanmar (ex-Birmanie, NDLR), pendant plusieurs années, donc je suis très habitué à la quarantaine, ce n’était pas du tout un problème pour moi. Nos bureaux ont toujours été conçus sur le principe de la ventilation et de la lumière naturelles, nous n’utilisons pas de climatisation, ce qui est plutôt adapté à la gestion de la Covid-19. Séduits par notre approche, beaucoup de clients nous ont d’ailleurs contactés et sont venus visiter notre agence : elle est entourée par la nature et abrite des plantes, des oiseaux, des légumes, etc. Nous avons reçu beaucoup de compliments ! Les commandes durant la crise sanitaire ont considérablement augmenté.
Quel est le rôle de l’architecte dans nos sociétés contemporaines ?
Connecter l’homme avec la nature. Mais le rôle des architectes dans la société est encore assez faible. Ils auront une plus grande influence lorsqu’ils parviendront réellement à proposer des édifices qui réduisent l’impact de l’homme sur la nature : cela reste assez limité aujourd’hui.
Si vous n’aviez pas été architecte, quel métier auriez-vous pu faire ?
Mes premières années ont été très difficiles, j’étais au bord de la faillite, et je m’étais alors tourné vers l’immobilier. J’ai fait quelques bonnes affaires, mais ce n’est pas très intéressant comme activité. Si je devais remplacer l’architecture dans mon quotidien, ce serait par la méditation : je suis bien meilleur dans ce domaine, d’ailleurs !