L’artiste néerlandais Joep Van Lieshout dit que vous êtes assez fou pour prendre des décisions à contre-courant des tendances. Est-ce vrai ?
Nous vivons entourés de tendances et de concepts. Moooi et moi essayons d’évoluer à l’écart du flot. Nous sommes donc tout à fait capables de changer d’avis s’il le faut. Concernant Moooi et ses designers, j’ai ma propre philosophie. Et je ne pense pas que les autres doivent nécessairement suivre mes idées mais plutôt que chacun doit s’attacher aux siennes, quitte à en débattre. En matière de design, il est primordial de conserver l’esprit ouvert. Pour moi, cela fait partie des fondamentaux.
Comment le label Moooi peut-il rester fidèle à ses idées sans tenir compte du marché ?
Nous sommes des designers, nous ne suivons aucune tendance ! Moooi est totalement étranger à la notion de produits marketés, car cela n’a rigoureusement aucun sens. Nous sommes un label de design, pas une agence de marketing.
La disparition de l’architecte et designer Alessandro Mendini (1931-2019) marque-t-elle, selon vous, un changement d’époque ?
Sa disparition nous rappelle qu’il a fait partie du petit groupe qui a changé le monde du design. Pour moi, il y a en effet un avant et un après Alchimia (un collectif de designers que Mendini a cofondé en 1976, NDLR), un mouvement qui diffusait une culture aussi bien que des fonctions. Depuis, le design est peut-être davantage devenu une stratégie qu’une culture. Assimilé à une sorte de stylisme intéressant, il est devenu plus populaire. Avec Alchimia, la discipline se rapprochait plus de l’art…
Êtes-vous optimiste ?
Oui, je le suis par nature. Je pense que nous évoluons aujourd’hui parmi un nombre impressionnant de créateurs étonnants, capables de nous accompagner vers le futur, en progressant. C’est notre tâche de les trouver et de leur permettre de s’exprimer. Ils et elles sont là. Je n’ai aucun doute là-dessus !
