Vous intéressez-vous aux plastiques recyclés ?
Philippe Starck : Assez peu. Le recyclage, c’est mieux que rien mais c’est avant tout la pommade qui a permis aux industriels de continuer à produire parce qu’on disait aux gens « Ce n’est pas grave, vous pouvez continuer à acheter, nous allons le recycler ! » Mais ce n’est pas vrai. Le recyclage, c’est dans certaines conditions qui sont rarement respectées et cela représente beaucoup d’énergie. C’est un petit pansement qui est censé guérir mais qui ne fait que panser.
« Je n’aime pas parler de mon travail »
Votre parole peut-elle avoir une influence sur les designers ?
Je trouve que c’est une maladie de la société de demander l’opinion d’un designer de brosse à dent quand il y a des scientifiques qui ont tellement de choses à dire. Je n’aime pas parler de mon métier parce que c’est totalement inutile. Etant donné le peu de respect dans lequel je le tiens, ce n’est pas lui qui me fera entrer au paradis. Si je suis là pour améliorer le design, j’aurai raté ma vie. Ce qui, d’ailleurs, est en partie vrai.
Vous travaillez dans des secteurs très différents. Dans lequel votre impact écologique peut-il être le plus fort ?
Philippe Starck : Dans le nombre. J’ai toujours eu pour vocation de multiplier. Je ne me suis jamais intéressé au rare, car je déteste l’élitisme. Depuis toujours, j’ai voulu donner au maximum de gens. Ma responsabilité s’est donc extraordinairement accrue. Si je crée une chaise en édition limitée à 10 exemplaires vendue à 30 000 € dans une galerie, ça ne fera jamais que 10 chaises et même si je la fais en arsenic congelé, ça ne va pas beaucoup polluer… Alors que là, malgré tout, on arrive à traiter en millions. Ma responsabilité est donc très haute.