Qu’est-ce qui vous a poussé à accepter la présidence du jury de Design Parade Toulon ?
François Champsaur : La Villa Noailles, c’est le Sud, la Méditerranée, la création, la diversité culturelle, et tout cela compte beaucoup pour moi. J’ai souvent visité les festivals qui y sont organisés et qui brassent mode, design et photo. La diversité qui s’y épanouit est une vraie force. Ces événements sont devenus des références absolues, pourtant, tout le monde au sein de l’institution a conservé un esprit de modestie et d’artisanat. Tout y est vif et intelligent.
Comment envisagez-vous votre rôle de président ?
J’ai commencé, justement, par constituer un jury riche de profils très variés : des gens que je connais, d’autres moins. J’ai voulu mélanger des architectes, des designers, les lauréats de la dernière Design Parade Toulon et des gens de la presse ayant une vision sur l’écologie, comme Daphné Hézard, qui vient de lancer une revue autour des nouveaux agriculteurs (Regain, NDLR), un thème qui me passionne. Mais j’ai aussi invité un cuisinier, Armand Arnal (La Chassagnette, à Arles, NDLR), ainsi qu’un photographe (Christophe Rihet, NDLR). Il ne faut surtout pas qu’il y ait une unique façon de penser.
La short-list des dix finalistes s’est-elle facilement imposée ?
La sélection des finalistes a très bien fonctionné, en raison de la diversité du jury, tout en donnant lieu à des débats animés pour déterminer si certains projets relevaient du design ou non. Or, dans l’art décoratif français, ce cloisonnement entre architecture, décoration et design n’existait pas vraiment puisque les ensembliers dessinaient tout. J’ai beaucoup insisté pour que nous sélectionnions avant tout de jeunes talents ayant des points de vue très divers. La personnalité, la patte, le travail personnel sont les traits principaux qui ont guidé nos choix.
Le thème immuable du concours (une pièce dans une maison au bord de la Méditerranée) n’est-il pas restrictif à la longue ?
C’est bien qu’il y ait un thème, mais ce serait intéressant qu’il puisse être élaboré avec le président du jury. Personnellement, j’aurais souhaité que l’approche écologique et durable qui m’est chère fasse partie de l’intitulé du concours. Mais cela était perçu comme une contrainte supplémentaire par rapport aux précédentes éditions, il n’a donc pas été possible de l’ajouter. De toute façon, la nouvelle génération porte en elle la préoccupation écologique au quotidien. Et si, par hasard, ce n’est pas le cas, les projets apparaissent comme caduques, y compris formellement. On s’est effectivement retrouvé avec des dossiers qui faisaient des propositions déjà vues. Ceux-là, nous les avons vite éliminés. Il y a bien des résonances, mais on a essayé de choisir des regards un peu atypiques.