Pouvez-vous nous retracer l’histoire de Calligaris depuis sa création en 1923 ?
Stefano Rosa Uliana (Calligaris) : Calligaris est à l’origine une société familiale, dirigée depuis 1986 par Alessandro Calligaris, représentant la troisième génération. En 2007, un grand changement a été opéré avec l’ouverture du capital au fonds d’investissement L Capital (groupe LVMH, NDLR), pour renforcer le positionnement de l’entreprise, lui donner une nouvelle identité et la faire passer de la fabrication au commerce de détail. Le symbole de ce changement est le pivert, choisi comme logo. Il renvoie à la région d’origine de la société (à Manzano, commune de la province d’Udine, dans le Frioul-Vénétie Julienne, NDLR), au bois, à son héritage… En 2018, Alpha Private Equity a pris une participation majoritaire dans le capital de Calligaris, ce qui a notamment permis à la compagnie de croître par acquisitions. La famille Calligaris reste actionnaire minoritaire, à hauteur de 20 %, et Alessandro Calligaris œuvre toujours en son sein.
La société a racheté les fabricants Ditre Italia en 2017 et Luceplan en 2019. Voulez-vous, avec cette dernière, concevoir des luminaires siglés Calligaris ?
Notre stratégie est de nous appuyer sur les compétences des marques, d’opérer des synergies d’activités, sans créer de conflits entre elles. Luceplan a très bonne réputation. C’est une enseigne de luxe très importante, principalement aux États-Unis, et nous travaillons à renforcer sa présence sur le marché résidentiel, à travers le réseau de distribution du groupe Calligaris. Je préfère à ce stade me concentrer sur la croissance de Luceplan, en profitant des synergies du groupe plutôt que de développer une ligne d’éclairage pour Calligaris.
Une nouvelle collection outdoor chez Calligaris
Envisagez-vous d’autres acquisitions ?
Nous sommes en veille constante et nous songeons à une autre opportunité en 2021. Les domaines qui nous intéressent prioritairement sont les systèmes de bibliothèques et de rangement, l’univers de la chambre, le bureau et l’outdoor.
L’outdoor est justement un secteur qui manque encore à Calligaris…
Nous allons dévoiler une nouvelle collection outdoor, non pas chez Calligaris, mais chez Connubia, la jeune marque du groupe. Elle nous semble la mieux placée en matière de produits, d’image de marque et de distribution pour porter une gamme d’extérieur novatrice. Nous présenterons cette collection complète de salon de jardin, de table de repas et de chaises au second trimestre de cette année pour une commercialisation à l’été 2021.
Comment avez-vous géré la crise du coronavirus?
Je me souviens combien, il y a un an, nous étions effrayés par cette situation. Tout était gelé, de l’Asie aux États-Unis en passant par l’Europe. Nous avons essayé de continuer à développer nos produits et nos activités stratégiques. Le confinement a fait naître une autre approche de nos intérieurs, une optimisation et une organisation de l’espace pertinentes pour le télétravail, et il s’est ensuivi un rebond du secteur résidentiel à partir de juin. La deuxième partie de l’année a été plutôt bonne. Nous avons retrouvé ce que nous avions perdu au cours des mois précédents. Mais la situation reste complexe, avec des hauts et des bas selon les pays.
Entre 60 et 80 nouveaux produits en 2021
Qu’en est-il du contract ?
Il représente de 10 à 12 % du chiffre d’affaires de Calligaris. Le contract est l’activité la plus pénalisée par la crise et je ne vois pas de retour à la normale avant le deuxième semestre 2021. Le contexte n’est pourtant pas celui d’une guerre avec son lot de destructions ! Il nous faut de la patience et espérer que les choses s’améliorent. Nous nous mettons en ordre de marche pour être prêts. Pour cette année, nous prévoyons entre 60 et 80 nouveaux produits.
Malgré la crise, vous continuez d’ouvrir des magasins, comme récemment à Marseille…
Les bons résultats du secteur résidentiel au deuxième semestre de 2020 nous confortent dans notre stratégie. L’une des clés est l’approche omnicanale, entamée il y a un an avec le lancement de notre plate-forme d’e-commerce. Cela consiste à augmenter le nombre de magasins Calligaris et à les faire entrer en synergie avec le numérique. Notre plate-forme fonctionne donc avec nos adresses physiques. Nous voulons vraiment que numérique et points de vente soient interconnectés.