Chaise Panton, chaise longue LC4 de Charlotte Perriand ou fauteuil Diamant de Harry Bertoia : si ces pièces s’arrachent à prix d’or, elles n’étaient pas du goût de tout le monde en 71, comme le montre une vidéo de l’INA.
« Monsieur, le mobilier contemporain vous aimez ? Vous voulez essayer ? » lance un journaliste de Picardie Actualités à un homme âgé tandis qu’il se promène dans les rues d’Amiens. « Ah !» lâche l’intéressé, visiblement amusé. Il n’en faut pas plus pour qu’il se jette, chapeau vissé sur la tête, dans le fauteuil Bulle de Christian Daninos créé en 68 (ci-dessus). «On est trèèès bien dedans !» répond-il au reporter.
Loin d’être un effet de mode, « le mobilier contemporain représente [les] possibilités actuelles, de par les matériaux et la vie moderne. C’est du mobilier qui est conçu de façon beaucoup plus modulaire, beaucoup plus mobile, qui permet des déménagements plus faciles, un confort beaucoup plus grand» abonde un spécialiste jonché sur un fauteuil à bascule. « Il ne faut plus considérer le mobilier actuel comme œuvre unique mais comme un mobilier faisant partie de soi-même, dans lequel on vit vraiment, on fait corps avec. […] Les meubles ne sont plus figés dans une pièce, ils doivent rester toujours agréables à l’œil, c’est une révolution !»
Un enthousiasme qui n’est pourtant pas partagé par tout le monde. Cette vidéo sur le design de l’INA donne également à voir des réactions plus sceptiques chez les passants interrogés. Les meubles des années 70 sont-ils « bizarres ou tarabiscotés ?» « Ça m’inspire pas» avoue une jeune femme face au fauteuil Bulle, suivie d’une autre qui, après l’avoir essayé, se contente d’un laconique « bof !».
A une époque où poussent dans les villes les ensembles modernes, la façon d’habiter se réinvente, entraînant la disparition des armoires et des buffets massifs. Parmi les personnes interrogées, certaines comptent bien prendre le train en marche, à l’instar d’un Monsieur qui jure n’avoir jamais été aussi bien assis que dans le siège de Christian Daninos. Gageons que quelques habitants d’Amiens, fleurant le bon filon à l’issue du tournage, se sont empressés d’acheter une pièce devenue aujourd’hui iconique !