Pionnier de la modernité, Michel Mortier (1925-2015) fut à l’œuvre dans la fructueuse période de l’après-guerre, prônant un design accessible à tous. Insuffisamment connu du grand public, ce touche-à-tout laisse pourtant derrière lui une œuvre qui a su affronter le temps avec grâce. La lumière est un domaine qu’il investigua avec talent. Guidé par un sens certain de l’épure et de la fonctionnalité, caractéristique des années 50, il crée en 1952 la lampe à poser M3. La pièce iconique est rééditer par l’éditeur de mobilier Sammode.
Une réédition attendue
Soixante-dix ans plus tard, la lampe m3 revient sur le devant de la scène à la faveur d’une réédition par Sammode. Depuis toujours, le concepteur et fabricant français collabore avec des signatures contemporaines, de même qu’il remet à l’honneur des créations de designers qui ont marqué leur époque. Celles de Pierre Guariche, ami de Michel Mortier, figurent notamment à son catalogue.
« Ces deux comparses ont œuvré au sein de l’Atelier de recherche plastique (1954-1957) aux côtés de Joseph-André Motte. Si leurs travaux, parcours et styles sont différents, des résonances sont bien présentes. C’est en discutant avec leurs ayants droit respectifs et en m’intéressant à cette époque créative assez extraordinaire que j’ai découvert et aimé la production de Michel Mortier », explique Emmanuel Gagnez, directeur de Sammode.
Le fruit d’une triple quête
Haute de 33,8 cm, déclinée en quatre teintes (noir, rouge, gris et crème), la M3 marie un abat-jour en métal laqué coloré et un piétement cintré en tube d’acier noir. Si Sammode a choisi de la rééditer, c’est parce qu’une triple quête esthétique, fonctionnelle et technologique parcourt l’ADN de la société, de même qu’elle caractérise le travail du designer. Leurs affinités sont évidentes : « Derrière une apparente simplicité, sans artifice inutile, les lampes de Michel Mortier partagent avec Sammode une identité très forte et reconnaissable », résume Emmanuel Gagnez.
L’expertise industrielle du fabricant quasi centenaire (fondé en 1927), dont l’unique site de production se trouve dans les Vosges, a permis de redonner du souffle à la lampe M3. Rééditée à l’aune des nouvelles technologies en matière de luminaires, elle n’a rien perdu de son design original. Une mise à jour technique et normative qui ne trahit en rien le travail de l’auteur et un hommage appuyé au made in France.