House of Today célèbre l’esprit du design libanais

Du 12 au 28 décembre 2018, la biennale de design House of Today a offert une quatrième édition au public de Beyrouth. Six ans après sa création, la manifestation réaffirme son rôle de tremplin pour le jeune design libanais.

 

2/ Cherine Magrabi Tayeb : Citoyenne du monde

Cherine Magrabi Tayeb, fondatrice d’House of Today.
Cherine Magrabi Tayeb, fondatrice d’House of Today. Sandra Chidiac

Un père égyptien, une mère saoudienne, des études en Suisse puis en Angleterre, où elle rencontre son mari d’origine syrio-irakienne, une éducation portée par le respect des beaux objets et un attrait pour l’art communiqué par sa moitié, conduisent assez naturellement Cherine à s’inscrire au Chelsea College of Arts, à Londres. Mais c’est sans aucun doute son implication dans l’entreprise familiale, une société d’optique implantée internationalement, qui l’amène à s’engager dans le design. Au point d’imaginer, en 2012, House of Today. Accompagnée d’une demi-douzaine d’amis qu’elle regroupe au sein du comité directeur de cette ONG, elle imagine un événement qui va s’efforcer de soutenir les jeunes designers libanais. « Nos choix montrent une grande diversité de pratiques. Chaque projet est extrêmement suivi. À chaque étape, nous accompagnons et motivons les designers pour qu’ils remettent en question leur pratique. C’est un vrai travail de mentoring », souligne-t-elle. Son ambition : faire de House of Today une plateforme de référence pour la diffusion du design libanais.


3/ Une collaboration avec R & Company

Le studio libanais Sayar & Garibeh dévoilait la table « Morph », dessinée en collaboration avec Katie Stout, une designer basée à Brooklyn.
Le studio libanais Sayar & Garibeh dévoilait la table « Morph », dessinée en collaboration avec Katie Stout, une designer basée à Brooklyn.

Dans une volonté de poursuivre son ouverture à l’international, House of Today a invité le galeriste new-yorkais Evan Snyderman (R & Company) a être l’ambassadeur de l’édition. L’enjeu cette année : faire se croiser deux cultures en provoquant des duos composés de designers libanais déjà identifiés par la biennale et de designers américains représentés par le galeriste. Ce sont trois tables basses, créées par Sayar & Garibeh et Katie Stout, Flavie Audi et Rogan Gregory, Carlo et Mary Lynn Massoud avec The Haas Brothers, qui ont émergé des rencontres. Les fratries Massoud et Haas, qui s’était déjà croisées par le passé, ont interprété avec beaucoup d’humour la demande, puisque le meuble a été réalisé d’après le moulage d’un sein de Mary-Lynn, soutenu par les mains des frères Haas.


4/ Craftporn conferences

Andrea Trimarchidu, designer et co-fondateur du studio Formafantasma.
Andrea Trimarchidu, designer et co-fondateur du studio Formafantasma. Carl Halal

Cette quatrième édition s’est enrichie d’un volet de conférences intitulé « Craftporn », dont l’objectif était de confronter l’artisanat aux pratiques actuelles du design. Organisée dans le cadre du Sursock Museum par notre consoeur journaliste et critique Anne-France Berthelon, cette demi-journée a accueilli six intervenants internationaux, aux expériences multiples, mais partageant tous un intérêt pour les matières et l’intelligence de la main. De Humberto Campana à Pascale Mussard, fondatrice de Petit H au sein de la maison Hermès, du designer anglais Peter Marigold au galeriste new-yorkais Evan Snyderman (R & Company) ou encore d’Andrea Trimarchidu du duo amstellodamois Formafantasma, à l’architecte Bernard Khoury, chacun a exposé son approche.


5/ Khoury père et fils

A droite, Khalil Khoury, en pleine discussion avec l’un des artisans de son atelier.
A droite, Khalil Khoury, en pleine discussion avec l’un des artisans de son atelier. khalil-khoury

En clôture de l’après-midi de conférences, l’architecte Bernard Khoury a quelque peu surpris le public en menant, via une visioconférence, un exposé sur le travail de son architecte de père, Khalil Khoury. Le dispositif était d’autant plus surprenant que l’auteur du fameux club BO18 se trouvait à quelques mètres de l’auditorium, au milieu des maquettes et archives de Khoury père, exposées au Sursock Museum. Ce fut une première pour lui de témoigner ainsi en public de l’importance du travail de celui qui fut l’un des grands bâtisseurs du Liban de la seconde moitié du XXe siècle mais dont l’oeuvre a été stoppée par la guerre au milieu des années 70. Une manière aussi d’affirmer que le Liban connut le modernisme, à l’égal des grandes métropoles internationales.


> Houseoftoday.com

Thématiques associées