Solène Eloy ne raffole pas du blanc… à moins qu’il ne flirte avec d’autres pigments. C’est ce que prouve de manière poétique son grand salon où trois nuances de vert se côtoient : des tonalités sapin, émeraude et thé matcha. « La couleur met la moindre chose en valeur, dit-elle, le mobilier, les tableaux et les photos. » Il ne reste rien de ce que fut ce lieu à la fin du XIXe siècle. Le cabaret du Chat Noir a, depuis, été transformé en habitation. Seule une plaque dans la rue et la belle hauteur sous plafond de la pièce principale qui fut jadis la salle de spectacle rappellent cet héritage.
La patte de Solène Eloy dans l’appartement
L’appartement actuel s’étend sur trois niveaux, 150 m2 tout de blanc vêtus au moment de l’achat. « Nous l’avons acquis tel quel il y a deux ans pour y vivre en famille, explique-t-elle. C’était impeccable, nous nous sommes contentés de nous approprier les espaces en y mettant de la couleur et de nouveaux revêtements muraux. » Autrement dit, la maîtresse de maison y a ajouté sa patte. Et cela se voit dès l’entrée avec ses murs recouverts d’enduits peignés.
Dans le salon ensuite, où l’un des grands murs rose pastel, réalisés avec un enduit à la chaux mélangé de poudre de marbre, fait écho aux trois tonalités vertes qui habillent le reste de la pièce. Dans la salle de télévision située à l’étage, Solène Eloy a appliqué sur le plafond un enduit peigné imitant le bois. Sur la mezzanine, la porte coulissante de la bibliothèque a été peinte du décor Météorite, emblématique de L’Atelier du mur, et l’embrasure de celle donnant sur une chambre a été anoblie de panneaux en verre églomisé – une technique qui consiste à peindre un motif sous une plaque de verre avec des feuilles d’or ou de cuivre.
« Des meubles, des objets et des photos qui se répondent »
Côté mobilier, la propriétaire l’a choisi avec son époux, soit des créations du XXe siècle essentiellement, « des meubles, des objets et des photos qui se répondent », explique-t-elle. Les pièces, scandinaves pour la plupart, viennent, entre autres, des galeries Vauclair, Le Sentiment des choses, à Paris, et Les Passions de Tom, aux puces de Saint-Ouen, mais aussi de boutiques de la ville de Nara, au Japon, où la maîtresse des lieux a exposé en 2014.
Ce goût pour la peinture a fresco, Solène Eloy l’a découvert à 18 ans en visitant les églises romaines, alors qu’elle vivait avec ses parents dans la Ville éternelle. De retour en France et le baccalauréat en poche, elle s’est inscrite à l’École nationale supérieure des arts appliqués et des métiers d’art Olivier de Serres, section décor mural. Aujourd’hui, elle est devenue une spécialiste des décors et fresques réalisés à partir d’éléments minéraux, mélangeant sable, chaux, poudre de marbre et pigments de couleur, puisant son inspiration dans des techniques ancestrales.
Côté graphisme, son univers végétal est le fruit d’une formation qu’elle a suivie en ikebana. Elle complète ce travail avec la création d’œuvres telles que Flaque, qu’elle a présentée en octobre dernier à la galerie Private Choice et lors d’une exposition collective intitulée « Nature sensuelle », à Paris.
L’art du revêtement
Au sein de L’Atelier du mur, dont elle se sert comme laboratoire d’idées et d’expérimentations, Solène Eloy jongle avec différentes techniques selon les projets. Outre la peinture murale, les fresques et les papiers peints, elle s’est spécialisée dans les enduits peignés et le verre églomisé. Des décors que l’on retrouve sur les plafonds, les parois, les crédences et les plateaux de tables, qu’elle réalise avec un talent amplement reconnu puisque les plus grandes agences d’architecture intérieure la sollicitent régulièrement pour intervenir sur leurs chantiers. Elle est ainsi l’auteur d’un décor inspiré de La Nuit étoilée, de Vincent Van Gogh, commandé par l’architecte d’intérieur Anne-Sophie Pailleret pour un appartement parisien.
Des projets allant du mobilier à l’aménagement
Elle a aussi créé le plateau de table Vague et les détails cuivrés en verre églomisé du paravent Ossa,pour la nouvelle collection de mobilier « Empreinte » de Raphaël Le Berre et Thomas Vevaud ; trois décors peints à la main sur papier pour l’enseigne Cartier de Dubaï, aménagée par Laura Gonzalez ; un trio de plateaux de tables basses en verre églomisé Effervescence, pour un projet résidentiel signé Damien Langlois-Meurinne, et des décors pour l’Hôtel Belloy, repensé par Sandra Benhamou. Sans oublier des œuvres sur mesure réalisées pour l’exposition actuelle à la Galerie du Patrimoine de la boutique Van Cleef & Arpels, place Vendôme, intitulée « Les Transformations de l’or ». Sur cette liste, on trouve également des décors pour des restaurants, L’Ours, à Vincennes, et Neso, à Paris, ainsi que de nombreux chantiers à Ibiza, Bangkok, Bruxelles et Londres.
Les papier peints signatures de Solène Eloy
Mais les toutes dernières nouveautés de L’Atelier du mur sont des papiers peints signature, exécutés à la main ou imprimés et créés à partir d’œuvres originales. Parmi eux figurent la collection « Les Dorés », imprimée sur des fonds dorés, argentés ou cuivrés, et la collection « Les Paysages singuliers », des panoramiques minéraux ou végétaux, tel le décor Neige, présent dans la cuisine. Parfaits pour des têtes de lit, des alcôves et des pans de mur. « Ces deux collections ont mûri durant le premier confinement, révèle-t-elle. Leur principe est simple : imprimer un décor sur mesure et à la commande. » La jeune femme exposera son travail à Paris, en juin 2022, au Grand Palais, lors du salon Révélations.
> Solène Eloy et ses créations disponible sur atelierdumur.fr