Dissimulé, mais facile à trouver. Il suffit de se fier d’abord aux vitrines, celles d’un concept store, et à cette verrière le coiffant, sorte d’anomalie dans cette petite rue parisienne du Sentier. Car on entre chez Halo par une boutique. Aspiré vers le fond par une anamorphose, on y découvre notre image reflétée par un miroir courbe, des sacs, des accessoires et des céramiques de créateurs.
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Un hommage à Oscar Niemeyer
« La scénographie imposée est à l’opposé de ce que l’on nous demande d’habitude, note Lucie Rosenblatt, cofondatrice avec Benoît Huen de l’agence Mur.Mur. Alors que l’on travaille toujours sur le lien avec la rue, ici c’est l’inverse. »
Après avoir dépouillé les murs de cet ancien atelier de couture des couches du passé, le duo les a conservés tels quels, grattés, et, pour la majorité, peints en blanc. L’espace est ainsi baigné de lumière le jour, et se mue en un écrin feutré le soir, éclairé à la bougie. « Nous aimons choisir un matériau et une couleur uniques, identifiables au lieu, poursuit-elle. Ici, c’est la moquette. » D’un vert « passé », celle-ci tapisse le sol, dialogue avec les rideaux des cabines et le décor rehaussé de chrome. Un hommage aux années 70 version Oscar Niemeyer. Voilà en guise de préambule.
Après avoir tiré l’une de ces tentures, une pièce à la blancheur éclatante se révèle, avec une magnifique alcôve recouverte de miroirs. Les tables sont en marbre vert et les chaises en acier tubulaire, revêtues de cuir. « On a séquencé l’espace, pour ne pas arriver directement dans une cantine », précise Lucie.
Un hub créatif élégant
Au fond, une cuisine cadrée par des ouvertures oblongues taillées dans un mur de marbre. C’est là que le chef Victor Blanchet imagine une carte créative mais accessible, qui fusionne les deux Sud.
À l’origine du projet Halo : Victor Goyeneix et Matthieu Nicolaï, organisateurs de pop-up gastronomiques avant de lancer ce hub créatif. Car Halo abrite aussi en son sous-sol un bar, une salle privatisable et un espace voué à être investi par un créateur. « Notre signature, concluent les architectes, c’est une économie de moyens. Jamais plus de deux ou trois matériaux, puis des formes, une scénographie. De la non-décoration, en quelque sorte. C’est comme la musique, si on a du son tout le temps, ça ne marche pas! C’est le silence qui séquence la mélodie. Et ce mur blanc, c’est un silence. »
> Halo. 12, rue Saint-Sauveur, 75002 Paris. Halo-paris.com
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