Qui sont Forest & Giaconia ?
C’est un couple qui a beaucoup travaillé dans le luxe et la scénographie. Récemment, ils m’ont fait des propositions pertinentes. Par exemple, Frédéric (Forest, NDLR), qui dessine énormément, compte plus de 80 000 followers sur Instagram. Pour ça, il faut une personnalité au départ. En voilà qui font de l’architecture, du mobilier et des dessins. Pour nous, ils ont conçu aussi bien une collection de lampes qu’un canapé.
Vos lampes Swn ressemblent à de lointaines cousines de celles de Serge Mouille…
On peut tout y voir. Ce qui nous intéressait, c’était surtout de travailler sur la dynamique de la ligne. La collection « SWN » (pour swan, cygne) me rappelle que les objets de la maison sont des éléments de compagnie. Ce n’est pas Disney, mais ce sont des pistes qui naissent du dessin.
C’est bien tout ça, pour un autodidacte !
Cela participe autant de la chance et du travail que de très belles rencontres. Dans ce métier, vous ne pouvez pas être seul. Vous êtes un élément intermédiaire, une charnière. Vous savez dessiner ? Vous avez des intentions ? Sans le fabricant ou le distributeur, vous ne pouvez pas sortir un élément qui ira chez quelqu’un. Les choses se font très lentement. Il faut être modeste et regarder ce qui se passe. Ce qui est drôle, c’est qu’aujourd’hui j’enseigne le design à Penninghen (École supérieure d’arts graphiques, à Paris, NDLR), et je suis assez fier de ça aussi, parce que la transmission m’intéresse.
… Qui enseigne dans une école, c’est rare !
Oui, en général, il faut un diplôme ! Mais c’est intéressant qu’il y ait des gens assez ouverts d’esprit pour permettre cela. Mes élèves leur en sont reconnaissants parce que je leur donne des exemples concrets tous les jours. Je leur dis : « Mettons-nous dans une situation de réflexion d’agence. » Ils sont très à l’écoute de ça.
Poussez-vous les étudiants à expérimenter ?
Beaucoup ! Tout en étant dans la réalité, il faut aussi qu’ils trouvent leur écriture et qu’ils aient des méthodes de travail. Il s’agit de trouver sa vérité dans ce qu’on fait. Mais je crois aussi qu’il faut être conscient de ce qui se passe sur le marché. Et ça, on le leur apprend rarement. Moi, j’essaie de les connecter à ce réseau-là. Je leur dis aussi de se méfier de la tendance à travailler « à la manière de ». Je leur demande de s’ouvrir, de ne pas s’enfermer sur des certitudes.
Êtes-vous optimiste pour eux ?
Ah oui ! Je les trouve très dynamiques, passionnés. Ce que j’adore, en ce moment, c’est le fait que des designers fabriquent. Il y a désormais des industriels avec des stands milanais colossaux et, à côté, des personnes qui font des choses merveilleuses qu’elles produisent elles-mêmes. Je pense à Valentin Loellmann (représenté en France par la Galerie Gosserez, NDLR). Il a un univers fabuleux, très poétique, qui témoigne d’une grande maîtrise. Je trouve cela magnifique.
« Néo-décorateur-ensemblier », une expression qui vous va ?
Ça me va très bien ! La fabrication se situe à plein de niveaux différents. J’ai autant besoin d’industriels que d’artisans. Et tous peuvent dialoguer ensemble.