«Un point de vue spirituel, une recherche sur un état, un lieu intangible qui se situerait entre le paradis et la terre, que j’ai eu l’idée de retranscrire en dessinant ma vision du paradis sur terre. » Une collection tout en rondeurs et en légèreté, en couleurs douces, mais aussi inspirée par la science.

Il a ainsi dessiné une série de motifs « fortement inspirés des mathématiques, basés sur un emploi d’algorithmes mais que l’on ne doit que ressentir. Un autre motif rappelle, lui, les champs magnétiques, un troisième est un jeu d’illusion permettant de travailler sur les volumes », détaille Pavlo. Douze premières pièces ont été révélées chez Rossana Orlandi, à Milan, le mois dernier, lors du Salon du meuble. C’est là que Pavlo Schtakleff expose systématiquement les nouvelles collections de ses poulains.

Une table basse en porte-à-faux, un fauteuil au coussin XXL et au dossier ultrafin ou la suspension Gaea, tel un immense pendentif éthéré qui s’achève en goutte dégradée de blanc et de bleu ont notamment été exposés. La ligne comprendra 22 pièces, certaines très abordables, d’autres dans un esprit et une gamme de prix plus propres aux galeries. « J’ai aimé avoir cette liberté de pouvoir créer des pièces rares et d’autres plus accessibles, se réjouit Ini. Mais j’ai surtout adoré pouvoir me replonger dans ma passion d’adolescent pour la céramique à laquelle je m’adonnais au collège. » C’est d’ailleurs à cause de la pauvreté de l’artisanat américain qu’Ini est parti trouver un écosystème favorable pour exprimer cette vision d’un design basé sur des artisans de qualité.

Son autre plaisir tient à pouvoir réaliser une véritable collection, lui qui est plutôt habitué aux gammes restreintes et aux éditions limitées. « C’est la première fois que je dessine autant de pièces qui me permettent d’évoluer. Au début, j’avais peur de copier ce qui avait été fait auparavant pour Sé. Et puis, au fur et à mesure, j’ai pris confiance en moi, j’ai défini mon propre langage, ce qui a été rendu possible grâce à la quantité de pièces que Pavlo m’a confiés… » Si les éditeurs sont souvent frileux à l’idée de collaborer avec de jeunes designers, gageons que l’audace de Pavlo Schtakleff a été payante tant la collection est élégante et cohérente… Et devrait trouver son public parmi les esthètes en quête de spiritualité et de douceur.
