En 1955, quand Luigi Radice et Pierangelo Gallotti fondent la société Gallotti&Radice, ils ne jurent que par le verre, leur intarissable source d’inspiration pour créer des objets beaux et utiles, du porte-revues à la table basse. Ils passent ensuite au bois, au métal et au marbre. Fabriquées à la main, ce ne sont que des pièces uniques, d’où la variété des finitions proposées encore aujourd’hui.
La société étant toujours familiale, dirigée par Silvia Gallotti, cette touche artisanale a perduré. Dans l’ADN de l’enseigne, on ne trouve jamais de produit pour faire le « buzz ». Même triangulaires, les tables basses en bois Prism Low des designers David/Nicolas zappent la mode.
Faisant fi des processus et deadlines chamboulés par la pandémie, Gallotti&Radice mise quoi qu’il arrive sur l’intemporel, investissant les espaces privés comme publics avec un catalogue transversal et des produits non standard. Les multiples façons d’installer chez soi le luminaire Bolle, de Massimo Castagna, best-seller de la maison, en témoignent.
Collaborations longues durées
Il n’est pas qu’une suspension ou un lampadaire. Il peut, selon qu’on l’isole ou qu’on le multiplie, faire figure de petite installation, organique ou minimaliste. Idem pour Bonfire, une lampe de table signée Studiopepe, constituée d’une épaisse feuille de verre arquée enveloppant une boule de lumière en suspension.
Au Salon de Milan, cette année, Bonfire ressort en verre plissé jaune doré, en même temps que Spectrum (Studiopepe), luminaire à la fois géométrique et presque dématérialisé. Gallotti&Radice collabore avec les designers dans la durée. Massimo Castagna est un fidèle. Son système de sofa Audrey se décline désormais.
Il existe même le pouf de la collection ! Et, dès septembre, c’est une version XS qui réduit le modèle d’origine en une assise en forme de boomerang où l’on tient assis à quatre. Autre sortie, celle d’une vraie icône de la maison, qui s’expose, cette année, en version Gold : le bureau en verre President Junior, dessiné en interne, en 1971. Une feuille de verre dans l’espace !
Enrichir l’ADN de la marque
Aujourd’hui, les collaborations se poursuivent aussi avec des architectes tels que le duo de Dainelli Studio, à travers, cette année, le fauteuil-cube Lilas, moelleusement tapissé de velours. Même effet velouté pour Resia, leur nouveau tapis, un hexagone irrégulier vieux rose. Dainelli Studio signe aussi le sofa Elissa, qui devient Elissa Sectional, une version coudée de l’original, typique des éditeurs italiens, coutumiers des grands canapés pour de vastes espaces.
Pas un produit de Gallotti&Radice qui ne soit fabriqué dans la Brianza, où les usines et les ateliers spécialisés sont nombreux. Durant la pandémie, tout fonctionnait différemment. Ce qu’explique Alessia Bernardinelli, manager marketing et communication de Gallotti&Radice : « Seule la production a été interrompue pendant quelques semaines, tandis que les bureaux se sont mis au télétravail. Nous avons considéré cette période de pandémie comme une opportunité, le monde du meuble ayant été l’un des quelques secteurs à n’avoir pas trop souffert. Nous avons toutefois changé notre façon d’aborder la clientèle et de présenter nos collections. C’était nécessaire et, finalement, en très peu de temps, nous avons été capables de passer à une communication numérique. C’est le futur, même si, bien sûr, nous souhaitons revenir à une vie normale. Mais quelque chose a changé pour toujours. »
Un design proartisanat
La marque continue en tout cas de solliciter des designers émergents pour interpréter ses valeurs, comme Federica Biasi. Son enveloppant siège Livre, dont le dossier se prolonge en accoudoirs, existe depuis septembre en version pivotante. Ce que Silvia Gallotti, directement impliquée dans la création, recherche, c’est l’enrichissement de l’ADN de la société.
La diversité des signatures n’empêche pas l’élaboration d’un univers cohérent. Une touche féminine y est constante au fil des collections, plus reconnaissables par une absence de fioritures que par un usage facile du rose. Pour Silvia Gallotti, cette cohérence repose pourtant sur des produits à forte identité.
Avec son héritage artisanal non figé, Gallotti&Radice a su de bonne heure proposer, dans un monde voué à se globaliser, du mobilier rendant les intérieurs plus précieux à tout point de vue.