Friedmann & Versace travaille à quatre mains, aime raconter des histoires éclaboussées de soleil et faire cohabiter les styles et les époques en redessinant tout de A à Z. Un souci du détail qui fait appel à de nombreux savoir-faire.
Le souci du détail
Elles se connaissent depuis près de quinze ans, ont fait leurs armes dans la même agence d’architecture intérieure – avec Michael Malapert – avant de voler de leurs propres ailes séparément. Diplômée des Beaux-Arts de Marseille, Delphine Versace a débuté sa carrière en tant que scénographe dans le domaine de l’art contemporain, puis s’est orientée vers la création de lieux de vie. Originaire du Tarn-et-Garonne, Virginie Friedmann, elle, a passé dix ans à accompagner des maisons de luxe dans la valorisation de leur image et la théâtralisation de leurs produits, avant de se tourner vers l’architecture intérieure avec la même volonté de participer à l’avènement du lifestyle.
Un jour de 2018, elles se retrouvent à fonder un studio à leurs noms. Avec Baby Doll, bar à cocktails près de la Madeleine, à Paris, Virginie Friedmann et Delphine Versace posèrent la vocation de leur attelage : seconder des clients dans l’écriture et la conception d’espaces d’art de vivre.
De cette synergie créative, mêlant sensibilité artistique et souci du détail, découleraient leur travail de composition des couleurs et des formes, leur traitement de la lumière et de l’acoustique, leur sélection des matériaux, des artisans et des entreprises. Définir une identité forte, synonyme de lieux élégants et singuliers, « parce que chaque projet doit avoir sa propre histoire, il lui faut une âme, une personnalité. Le défi étant que l’histoire soit lisible et immédiatement perceptible dans la globalité de l’expérience », expliquent-elles. D’où le souhait d’intervenir, en parallèle, sur la charte graphique, le choix de la vaisselle ou même, parfois, sur l’ambiance musicale.
Une ambiance solaire
Leur projet pour la brasserie Riviera, à la frontière des IXe et Xe arrondissements parisiens, va vite propulser le duo sur le devant d’une scène F&B (food and beverage) alors en plein boom. Rue Lafayette, c’est soudain une pause gourmande au bord de la Méditerranée, un cadre solaire qui évoque les bateaux de croisière, Jean Cocteau, l’authenticité de la chaux sur laquelle se détachent les couleurs du Sud, la terre cuite, les assises en paille, d’autres en velours, le tout émaillé de leurs trouvailles à Drouot, aux puces de Saint-Ouen ou lors de voyages en Italie. Sans oublier de commissionner Redfield & Dattner, autre duo féminin en vue, pour peindre une œuvre à même le mur. Succès immédiat.
S’ensuit une ribambelle de restaurants en « a » – Matilda, Ferona, Boria – qui vient les chercher pour cette aptitude à ensoleiller. Une couleur Côte d’Azur fantasmée qui va se révéler être la carte de visite de Friedmann & Versace. Et sans doute ce qui met sur leur route le groupe Paris Society, alors en quête d’architecte d’intérieur pour leur futur Bambini, à Chaillot. Pour ce restaurant XL attenant au palais de Tokyo, elles répondent par une histoire en trois actes, à la fois trattoria populaire, bar en pont supérieur de paquebot et terrasse amalfitaine.
Une partition dessinée sur mesure de A à Z – rideaux de perles, parasols, soubassements en rotin, appliques vénitiennes, fresques… –, à commencer par l’espace haut de plafond qu’il faut rythmer et théâtraliser au maximum. « Plus de 500 couverts en tout, c’est un gros morceau, commente Romain Taieb, directeur associé chez Paris Society. Mais par leur réflexion, elles ont su détourner l’espace brut et froid vers quelque chose de balnéaire, qui appelle les vacances, l’amitié et la convivialité. » En deux mots, la dolce vita ! La suite ne s’est pas fait attendre : Bambini Megève vient juste d’ouvrir cet hiver. Ici, l’Italie est montagnarde et folk, versant Sud-Tyrol, poyas (peintures représentant la transhumance), bois sculpté, tartans et four à pizza XL, comme il se doit. Là encore, le meilleur vaccin contre la morosité.
Les inspirations de Friedmann & Versace
Un fait d’armes
«En 2021, l’ouverture du Bambini au palais de Tokyo, à Paris, puis à Megève. »
Une couleur
«Le vert, synonyme de naturalité.»
Un motif
«Les étoffes anciennes, comme le lampas ou le damas.»
Un lieu
«Le Sirenuse, à Positano.»
Des influences
«Carlo Scarpa, Madeleine Castaing, Constantin Brancusi, Janine Abraham, Gabriella Crespi et Gio Ponti. »
Un point fort
«La dimension narrative de nos projets qui valorise les savoir-faire traditionnels, de préférence locaux.»
Un matériau
«Le marbre. Comme le Forest Brown, au Bambini Megève, ou le marbre jaune de Sienne, au Bambini, à Paris.»
Un rêve de commande
«Faire revivre un hôtel, à Rapallo, en Italie. On vient de signer un hôtel à Nice, ce qui nous en rapproche.»
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