On ne lui a pas posé la question, mais il prend les devants : « Si on me demande quel est mon style, je suis bien incapable de répondre. Ma génération est celle du sampling, de l’hybridation. Tout a déjà été fait. Aujourd’hui, nous ne faisons que réinterpréter. » Ainsi va Franklin Azzi, architecte parisien au carnet d’adresses épais qui vient de remporter avec deux autres agences parisiennes, Hardel + Le Bihan et Chartier Dalix, le concours le plus médiatisé de l’année : la réhabilitation de la tour Montparnasse. Il nous reçoit dans son agence, installée depuis 2012 dans un bel immeuble industriel du XIXe siècle rénové par ses soins, où il a su conserver une partie du mobilier d’origine, les généreuses hauteurs sous plafond et l’âme d’un lieu empreint d’histoire.
Diplômé de l’École spéciale d’architecture en 2000, Franklin Azzi fait partie de ceux qui n’ont pas voulu choisir, marqué par ses études à la Glasgow School of Art où, façon Bauhaus, l’interdisciplinarité était le mot d’ordre. Pourquoi faire une seule chose à la fois quand on peut en faire mille ? Tel est son leitmotiv. De son passage outre-Manche, il a gardé l’envie de se confronter à toutes les échelles, de construire des bâtiments, d’aménager des boutiques, de dessiner des meubles, de collaborer avec des artistes… Liste non exhaustive.
Il appartient à cette génération enthousiasmante de quarantenaires, libérée des dogmes, biberonnée à l’émergence des musiques électroniques, à la « décomplexion » de l’architecture hollandaise, à l’accès illimité aux images et à la nécessité de communiquer. Une génération qui a compris que les grandes heures de la commande publique étaient révolues et qui occupe enfin le terrain face aux célèbres aînés peu enclins à partager. Il était temps. À 42 ans, Franklin Azzi s’est forgé en une dizaine d’années une belle place dans le paysage architectural français que beaucoup lui envient.